Poème:Une Fin

Dans la pièce sombre la mort, on la sent
Son corps est agité de spasmes et tremblements
Spectateur de cet interminable trépas
Mon cerveau est absent, l’impuissance me broie

Je n’ai pas vu la faucheuse assise en tailleur
Je n’ai pas vu la mort, mon esprit est ailleurs
La petite chose ne peut plus se mouvoir
Ne peut plus crier, ne peut sans doute plus voir

Un corps agité de nombreuses turbulences
Dans le lourd silence, je perçois la souffrance
À chaque spasme un bout de vie est happé
La vie s’envole, et lui ne fait que s’enfoncer

De temps en temps il tente de se relever
Pattes pathétiques ont oublié leur métier
Il s’écroule haletant et ne bouge plus
Mais tout cela reste imperméable à ma vue

Quand on est spectateur, un espoir ridicule
Prend possession de l’esprit, nous manipule
Me fait percevoir le monde tel un étranger
Seul au monde, ne sachant pas à quoi se fier

Mais toujours les petites pattes gesticulent
Et l’on devient d’un coup un peu moins crédule
Le temps presse, la mort commence à fatiguer
Elle se lève et approche, la faux levée

On chuchote prières et encouragements
« Reste je ne suis pas prêt, reste tu m’entends ? »
En réponse il s’étire, pousse un cri silencieux
Puis tout lache et s’effondre, frappé par les cieux

Le corps est inerte, vie et mort sont parties
Souffert des heures, une seconde a suffit.
La mort est dame pressée quelle ironie !
Elle a vu le film, mais part avant les crédits

Je me souviens encor, j’ai annoncé : « il est mort »
Effondrement, perdition, vagues de remords.
J’étais vraiment seul, larmes en ma compagnie
Tout seul. Le silence ne faisait plus de bruit.

Jusqu’à la fin, dans ma mémoire restera
Le jour où un grand ami est mort dans mes bras