Poème:Étrange…

Je marchais dans la rue un soir, et depuis quelques instants, je ressentais une présence dans mon dos, malgré de furtifs regards jetés en arrière je ne parvenais pas à discerner quoi que ce soit. A un moment m’arrêtant devant une vitrine, je fis semblant de la regarder. Les bruits de pas se rapprochaient de moi, et toujours rien de visible. Je les sentais tout proches, j’entendais les semelles résonner sur l’asphalte, mais je ne voyais rien. De par le son, je pouvais imaginer la personne à ma hauteur, puis à mes côtés, le bruit des pas cessèrent. Je restais interloqué et décontenancé pendant quelques instants et enfin au moment où je me décidais à me remettre en marche, les pas à mon côté reprirent de plus belle et semblaient s’adapter aux miens. Je m’arrêtais, les pas s’arrêtaient. Je reprenais, eux aussi ! Je ne paniquais pas encore, mais j’avoue que je me demandais alors si je rêvais ! J’accélérais ma démarche, les pas aussi, je ralentissais, ils se calquaient sur mon rythme. C’était à devenir fou. J’aperçus un bar ouvert, et je me précipitais à l’intérieur. Je n’osais pas évidemment dire quoi que ce soit au barman, il se serait foutu de moi, à juste titre.
Je bus un café, en prenant tout mon temps. Enfin au bout d’une vingtaine de minutes, je ressortis un peu inquiet, et tandis que je m’aventurais dans la rue, les pas reprirent à mon côté ! Je me demandais si je devais rentrer directement chez moi, au risque d’amener l’intrus jusqu’à mon domicile, ou bien ruser un petit peu et le promener un peu partout jusqu’à ce qu’il se lasse. Je pris la décision de revenir au centre ville et de me mêler à la foule, peut-être que mon suiveur prendrait pour cible une autre personne et m’abandonnerait enfin. Quand j’y parvins, alors que des groupes sortaient d’un cinéma, je me hâtais de les rejoindre et de suivre l’un des plus importants. Les pas étaient toujours là, je me demandais si les personnes les plus proches du groupe, les entendaient. Et vous… les entendez-vous ?

…

St Just (Joël Gauthier)