Poème:Peut-On Rire De Tout ? …

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Peut-on rire de tout ? … Madame la Censure,
Vous répondra que non, cela ne se fait pas.
Les bigots, les aigris, les curés, les mollahs,
Diront qu’il faut en tout, conserver la mesure.

On ne doit pas railler les handicaps physiques,
Les bègues, les nabots, estropiés, mutilés,
Culs- de-jatte, manchots, et tous les grands brûlés,
Les bouffis, les trop gros et les anorexiques.

On se doit d’éviter les nationalités,
Écossais, irlandais, surtout les blagues juives,
Les belges sur lesquels trop de risées se suivent,
Un mot non relevé, devient banalité.

On ne peut tolérer de brocarder les suisses,
Ni même les bretons ou bien les auvergnats,
Que de propos tenus sur ces pauvres bougnats,
Et certains en riant, s’en sont taper les cuisses ! …

Il ne faut pas non plus se moquer de la mort,
Songez que tous les jours beaucoup cassent leurs pipes,
Et si vous en riez en vous tordant les tripes,
Le tollé remplira votre cœur de remords !

Sur ceux qui sont bronzés, là, c’est une évidence,
Il est des mots que l’on se doit bien d’éviter,
Jamais sur les couleurs il ne faut graviter,
Le rire jaunirait en manquant de prudence.

Ne jamais évoquer la banane ou les singes,
Parler de nez crochus, là c’est calamité,
Indignation, rejet, à l’unanimité,
Avant de plaisanter, creusez vous les méninges ! …

Depuis bientôt trente ans, c’est le crime suprême,
Pour un geste, un mot, on le décèle en vous,
Un procès d’intention, suffit, gare au courroux,
Le racisme aujourd’hui c’est le délit extrême ! …

Dans un monde sans foi, sans loi et sans éthique,
Il fallait inventer un semblant de morale,
Pour tous les corrompus baignant dans les scandales,
La foi est remplacée par l’esprit dogmatique.

Autre sujet tabou, et là, c’est du sensible,
Dernier conflit mondial, les camps, Vichy, Pétain,
Le Vél d’hiv, collabos, chambre à gaz, c’est certain,
Si vous ironisez, là, c’est répréhensible ! …

De nos jours, Dieu merci, on a une police,
Dite de la pensée, qui veille et qui sévit.
Journalistes, médias, larbins toujours soumis,
Aux ordres du pouvoir, toujours pleins de malices.

Où est-il le bon temps, où nous pouvions tous rire,
Spontanément de tout, et sans se demander,
Si c’était bien correct, et sans devoir mander,
L’approbation de ceux qui souvent font bien pire ? …

Où sont nos chansonniers, nos comiques troupiers, ,
Qui se jouaient des mots et bien sûr des censures,
Les Rocca, les Vaillard, aux piques et aux morsures,
Implacables souvent dans leurs petits papiers.

Les Valton, Les Grello, Amadou, Francis Blanche,
Ne s’embarrassaient, pas pour un bon calembour,
Ils savaient dépasser le point de non retour,
Avec eux sûr que la rigolade était franche ! …

Aujourd’hui aucun d’eux, ne pourrait librement,
Exercer son métier sans subir des poursuites,
Pour l’improvisateur, une pensée fortuite,
Risquerait transgresser une loi : c’est dément ! . .

Cela l’est d’autant plus qu’on prétend que la France,
Est le pays des droits et de la liberté.
Liberté d’opinions, de penser, sa fierté :
Dans le moule imposé, ou sinon… on vous tance ! . .

Mais alors, oui ou non, pouvons-nous rigoler,
Sans une restriction, pas même une limite, ?
Rien que pour le plaisir, sans être anti-sémite,
Le seul but étant de vous voir vous gondoler.

Pour ma part, j’ai toujours privilégié l’humour,
Je peux rire de tout, quand c’est un mot d’esprit,
Je ne suis pas choqué, ni gêné, ni contrit :
Faire rire les gens… c’est un geste d’amour.

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St Just (Joël Gauthier) 11. 7. 2014

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