Poème:Songe D’une Vie

Dans un champ magnifique au doux parfum de fête
Plein de fleurs et d’oiseaux si chers à nos poètes
Sous le soleil radieux du jour qui vient de poindre
Je te vois et déjà m’apprête à te rejoindre
Mais des mains me retiennent, et m’attirent vers elles
Mains macabres, squelettes aux ombres irréelles
Et je danse avec eux dans ce bal des défunts
Puis tous ces morts et moi nous ne formons plus qu’un
Nous sommes le néant, nous sommes les ténèbres
D’où ta main me libère, et j’échappe au funèbre
Et dans nos courses folles, tout vole et tourbillonne
Jusque sous l’immense frêne au cœur du cyclone
Où nous venions enfant pour chanter des chansons
Et je chante à tue-tête, appuyée sur ce tronc
Mais déjà tout s’efface, tout tourne et se mélange
Je te vois disparaître, et m’oublier mon ange
En sursaut je m’éveille, tout ca n’était qu’un songe
Ta vie n’était qu’un rêve et ta mort un mensonge
Je ne crois pas à l’un, à l’autre moins encore
Tout ici est chimère, nos âmes comme nos corps
Cette vie n’est pas meilleure que mes rêves hideux
Elle n’est qu’un grand théâtre aux acteurs monstrueux
Dans ce monde semblable à un grand cimetière
A l’heure où le soleil se lève sur les pierres
Où commence déjà la comédie immonde
Je crache sur la vie, et m’endort sur ta tombe !