Texte:A Perte De Rue

connected, matricule 1120218
premier chapitre, apparemment ou l’énième peut-être.
Au marque tapage nocturne ça crie, ça bafouille, ça bredouille ça s’égosille et s’égorge même.
Pluie battante, gargouille et mouille, ça fouine et fouille jusqu’au fin fond de l’obscur.
Ça s’écrit en couplets saccadés, le violent refrain de la nuit.
Je tourne les pages car dehors c’est la cohue, le brouhaha, frénésie viscérale sur le rythme effréné du clapotis chaotique des capotes.
Lune incrusté d’éclats d’argent fanés, lourd sourire contraint dans un ciel vacillant.
Lueur d’une bougie, j’en profite pour lire car trouver le sommeil n’est pas de tout repos. entre chair transpirante, dégoulinante et odeurs de sueurs froides.
Mais je ne peux rester absent au fracas, débauche et décombres à chaque trottoir.
Blanche la nuit au parcours anxiogène et calligraphique. j approche encore un peu les yeux exorbités de fatigue et me met à pleurer. pourtant dehors on m’apostrophe, on me réclame, lors de chaque ovulation d’un nouveau souffle, accouchement d’un paragraphe ou se mêle des lignes discontinues, phrases hachés, point virgule, point d’exclamation trois points de suspension et pour finir l’interrogation.
Et l’histoire se répète à la prochaine page, plus acerbe, plus cru encore.
Et ces prostitués qui narguent les regards aux reflets violacés, blafards et bafoués.
Alors ça crie encore plus fort, ça harangue, ça n’en finit plus à gerber. déambulation de désirs malsain et crachats de poètes déphasés. on devine à peine à travers les lignes.
Le flou, cher dealer de sommeil, la nuit ne verra pas le jour, bien trop tôt sans doute. l’esprit vagabond titube se dévergonde et paye son tribu à plaies ouvertes lacérés par par le vice.
Flotte le tramway fantôme aux wagons de constellations crépitant à chaque secousse. les bas, les voix des hôtesses grésillent : votre ticket mon cher voyageur ! pour la prochaine étoile, éteinte. le trou noir l’oubli en apesanteur.
Ligne C quai numéro 5 faut redescendre, acide par obligation, par dépit, on sait plus, à s’étouffer de fatigue. s’humecter les doigts, je tourne une page, lire entre les rails et chemin de traverse, lire à en perdre le fil sans censure susurrent mes vieux démons. brûler son âme vive, l’essence même d’une anxiété abyssale : c’est écrit dans les annales bande de trou du cul. l’incendie ! Les mots flambent, craquent c’est l’étincelle à se poudrer le visage, masque suffocant je me défigure, carnaval.
Une toux panique, poison à consumer sans modération jusqu’au dernier souffle coupé, tranché sur le fil aiguisé et sec du délire. reste alors le marque tapage nocturne et indélébile de mes nuits blanches et monochrome.
Appel de la rue trop fort, intransigeant, violent sans retour.
Cette nuit j’écrase maladroitement mon mégot sur la table en formica.
Cette nuit je jette mon livre de rage par la fenêtre au vent cinglant
Cette nuit je suis avide du vide dessein de l’extérieur.
Ah cette putain de nuit, putain de nuit de mierda !
Dans ruelles lézardées le gris partout, les chats, les personnages et même le décor.
Ça va ça vient comme une respiration mal maîtrisé, je suffoque, je balbutie quelques mots, demande mon chemin, on me répond toujours vous êtes ici !

Vous me suivez ? Moi non plus
branchés par d’insidieuses particules je continue ce jeu de dupe.
Péripéties périphérique d’une ville damné. chronique ou Morphée malgré l’heure tardive ne berce encore personne dans ses bras de velours usé.
Alors à chaque gorgée de rhum de frelatée mon pouls s’accélère, mes ventricules fatigués effleurant l’éclat métallique et froid de ma flasque.
Je croise un pseudo philosophe aux sandales scintillantes claquant l’asphalte humide. il gesticule désarticulé en répétant d’une voix forte et profonde : personne ne s’en sortira. pas le temps, pas la peine de s’attarder sur ce fou de plus, et puis on ne sait jamais si on ne s’en sortait vraiment pas. à chaque pavé son supplice, son piège invectivant silence et hurlement pour mieux falsifier l’espoir. des vagues de visages déferlent et s’accule en une écume nauséeuse qui mène à l’absence. ça pue, prière de ne pas déranger ceux qui trifouille au loin la matrice de l’amour. On y croirait presque mais l’espoir n’est qu’un acteur qui ne joue plus son rôle et maquillés de faux regards on les fauche d’un revers de la main, burlesque !
Tout n’est que pierre, poreuse et poussière conjuguant passé présent tentant d’extirper chaque visage de marbre à son impasse, impossible ! manque un refuge, rien ne va, plus, les jeux sont faits, on tourne en rond et puisque tout est perdu d’avance à quoi bon !
Deconnected
game over.