Poème:Salle Des Pas Perdus

Je suis seul au milieu de la foule
Les gens vont viennent ils me croisent
Comme un gamin perdu que l’on refoule,
Je suis bringuebalé à peine si on me toise.

Je me dis que je suis un grain de café
Au milieu de tant d’autres,
Que je ne suis que négligeable quantité
On en voit tellement d’autres.

Je suis seul au milieu de cette machine,
Machine à moudre, des fois à tempêter,
On me pousse, me bouscule on m’assassine
Sans savoir que je suis las, que je veux exister.

Je me mets à crier
Au milieu de ces gens qui me tuent,
Mais sur ce quai de gare
Ils sont bien trop pressés.

Alors que je m’égare
Ils vont tous dans la salle des pas perdus
J’y vais j’y cours hagard,
Pensant retrouver quelque mien,

Paumé comme moi
Recherchant quelque sien,
Un gamin comme moi
Auquel on ferait attention.

Mais non, rien de rien.
Que des grains de café
Qui courent tous un par un
Se faire torréfier,

Pour rentrer le soir
Dans la même cohue
Repasser par leur gare Saint Lazare

Traverser à nouveau
La salle des noms perdus
Avant de retrouver au fond de leur petite rue
Leur intérieur cossu,

Ignorant royalement le nom du gamin cassé
Que matin et soir ils auront croisé.