Prose:Une Femme Si Ordinaire Épisode 5

Premier effet, premier rejet, sauvetage du haricot en carton mais échouage dans les toilettes de la chambre de Jeanne. Une douleur au ventre indescriptible, une douleur au thorax, sensation de brûlure, sensation d’intrusion forcée dans son corps, une lutte que Jeanne ne peut combattre en dépis de tous ces efforts, la chimio est la plus forte en ce jour.

Les anti-vomitifs n’arrangent rien, chaque verre d’eau, chaque comprimés ressortent comme ils ont été avalés, blancs et lisses.

- allo Jeanne, c’est Elisa, comment te sens tu ?

- super forme, je vais certainement battre le record de la gerbe lâchée ne moins de deux secondes, tu as une médaille ? car je suis la championne toutes catégories confondues ! ! ! Comment vas Max ?

- ton chat n’arrête pas de gueuler, et il a bouffé le yuca que tu m’a offert pour Noël, sympa ton chat ! ! ! ! pis y’a un truc ! Thomas lui a coincé la queue dans la porte de la cuisine, il a pas apprécié Max ! ! ! !

- Comment ? ? ? ? merde thomas pouvait pas faire attention !

Elisa éclata de rire : mais non nigaude ! ! ! ! ! ! c’est des conneries mais pour le yuca c’est vrai ! ! ! !

- que tu es con je te jure ! et Jeanne éclata de rire à son tour

- tu rentres quand Miss demanda Elisa,

- demain soir, après ma deuxième chimio, et mercredi de toutes façons j’ai à nouveau rencard avec un autre potentiel comptable, j’espères que c’est pas un dingue sinon mon boss va me jeter !

- De toutes façons, ton boss comme tu dis si bien c’est un frustré du slip, qu’il te jette, on s’en fout, c’est pas du boulot que tu as besoin en ce moment, c’est de moi, de Marc, de nous tous que tu as besoin, pas de ce polichinelle radin qui n’a même pas voulu te filer du rabe cette année… .

- de vous tous, c’est vite dis, avec tes monstres voilà la convalescence, moi je veux mon chat ! ! ! ! mon chat et une clope ! ! ! !

- va pour le chat mais pour la clope tu ferais mieux de t’en passer minette, tu crois pas.

Jeanne quitta sa sœur pour ce jour et tira de son sac son paquet de cigarettes.

Bichat c’est pas l’orgasme non plus pour l’accueil des fumeurs, des panneaux plantés partout à chaque couloir avec un gros : fumer est interdit ! ! ! !
Il manquerait plus que les barrages, les mecs du GIGN, les mines et le tableau serait complet.

Qu’importe Jeanne ira dehors, sur un banc dont la peinture est élimée, où les parterres de fleurs sont inondés de mégots et autres détritus…

- Je peux m’asseoir Madame ?

Jeanne leva la tête et pu voir un membre de la secte « crâne rasé et teint cireux ». c’était une jeune femme de 30 ans environ, très belle malgré les traces de la maladie, une voix douce, calme et sereine.

- Auriez vous une cigarette Madame ? je peux vous l’a payer si vous vous voulez bien.

- non vous ne me payez rien, je vous l’offre, voulez vous que ma sœur vous ramène un paquet ?

- Vous êtes fort gentille mais je veux bien, mon mari s’il me voyait me gronderait, il ne veut pas que je fumes… .

- N’ayez aucuns soucis, cela sera notre secret, votre mari n’en saura rien du tout !

A ces mots, la jeune dame écrasa la cigarette à peine entamée, de loin arrivait accompagné d’un enfant, un très bel homme.

- mon mari ! ! ! ! ! ah que je suis heureuse de le voir, vous voyez le petit garçon avec lui, c’est mon fils Maxime, il a cinq ans, au revoir Madame et merci à vous, merci vous êtes si gentille.

La jeune femme fila et se projeta dans les bras de son mari qui avait l’air heureux de pouvoir étreindre sa jeune femme. Le petit garçon visiblement remettait un dessin à sa maman et le tableau qui s’offrait à Jeanne lui firent monter de l’eau dans les yeux…