Poème:Un Sucre Dans Mon Café

Hé, les gars… et si on buvais les étoiles,
Une dernière fois
Et si notre café on se le frappait a notre santé
Pour la postérité
Et si sans se dire au revoir
On pensait se revoir

Alors si on attaquait les prépas et les facs
Rivalisant d’humour, de cynisme et de tact
Et que plus jamais on se laisserait bercer
Par cette douce mélopée du sucre dans le café
Du canard qui bruni et qui fond sous la langue
De la bouffée ouatée qui chavire et qui tangue
Sous les poutres…
Et les vivant piliers agrippés au comptoir
Avec les dernières forces de l’homme qui veut boire
Et nous assis, ravalant nos volutes
Ecoutant distraitement tous ces vieux qui discutent
L’homme sans travail, sans existence, sans histoire
L’informe joueur de cartes qui divulgue son savoir
Et ces cuillères d’inox qui tinte le glas du bar
Au revoir…
Et puis y’a la patronne avec sa tige au bec
Qui butine les bleus et bourre les anciens
Assommée, écrasée par le poids de ses verres,
Sa démarche assoupie la ploie vers la terre
Voûtée comme le clocher d’une cathédrale romane
Dont les tristes décombres auraient vomi la manne
Belle comme un champs de maïs à Verdun
Elle sourit à tous, forte de son dessein
Et puis nous on s’en va
Quand la lumière rase les pavés
Pleins de fantasmes et pleins d’idées
Bardés de rires, on s’en va