Poème:Le Cirque De Gavarnie

Les joues rougies par l’effort, je m’assis sur un rocher et contempla le paysage magnifique qui s’étendait devant moi. Au milieu des courbes capricieuses des montagnes, hérissées d’angles obtus et d’angles aigus, apparaissent brusquement des lignes droites, simples, calmes, horizontales et verticales, combinées de telle sorte que de leur ensemble résulte le sublime panorama qui se déploie sous mes yeux, m’inspirant ainsi ce poème :

La source jaillissait si pure
Que les ondines du torrent
Désemparées dans la verdure
Cherchaient d’où venait le courant

Son eau pourtant au pied d’un arbre
Chantait aux nymphes, je viens droit
D’un cirque abrupt veiné de marbre
Où la voltige fait la loi

D’un cirque où j’ai vu les cascades
Faire écumantes le grand saut
En se moquant des embuscades
Qui précipitent jusqu’à Pau

Où l’eau limpide des rapides
Dans un sublime numéro
Se jette par-dessus le vide
Et chute en-dessous de zéro

Mais le clou d’or de son spectacle
Scintille à Lourdes où par amour
Cette eau peut faire des miracles
Dans une grotte avant l’Adour

Les fleurs qui la suivaient suaves
Collectionnaient les papillons
Qu’éparpillaient le long du Gave
L’aile criarde des grillons

Cette eau bruissante dont le charme
Cristallisait chaque lueur
Cette eau aurait tiré des larmes
Au plus puant des pollueurs

Et moi qui souillais sans vergogne
Son lit de vierge torrentiel
Dans mes mains jointes, moi l’ivrogne
J’ai bu ses perles d’arc-en-ciel.