Poème:Lune Rousse

Lune rousse.

Cette nuit, la face de la lune était légèrement cuivrée,
J’ai pensé qu’elle rougissait de regrets.
Peut-être s’en veut-elle de ne pas briller assez haut dans le ciel.
Peut-être est-elle lasse de paraître froide et solitaire,
Perle d’argent piquée sur le velours ébène infini.
De son grand oeil mélancolique et gris,
Il me sembla voir couler une larme,
Aussi transparente que le cœur d’un enfant,
Seulement un peu plus lourde, sous le poids de ses peurs.
Cette nuit, la lune flottait dans une mer de diamants.
Je surpris sa muette détresse
Et lui tendis la main.
L’esquisse d’un sourire,
Une parole murmurée,
Qu’importe ; la lune ne me vit pas…
Elle regardait ailleurs.
Son esprit vagabondait d’étoile en étoile,
Non-loin de ce pays où l’espoir ne meurt jamais.
Une ballade dans ce jardin nocturne
La mena à la porte d’une sombre contrée.
Là, sous un coin de la voûte céleste,
Une âme oubliée chantait le Blues.
La lune, touchée, lui offrit un de ses rayons,
Délivrant de l’ombre les accents langoureux de cette mélopée.
Elle déplore son impuissance.
Toutefois, cette nuit, grâce à sa lumière,
Les nuages étaient frêles et légers.
Je crus même saisir un sourire doux comme l’évasion
Et teinté du mystére de l’horizon.
Dans cette aube irisée où des rêves font vivre ma plume,
L’oeil de l’Astre des Poètes est déjà clos.
La nuit prochaine, la lune se sera éclipsée,
Dans un sentiment de précieuse sérénité.

Zouille…