Poésie : Antigone
Écrit par Albert Samain
LHomme, puni des dieux parce quil a trouvé,
Pareil en sa misère à lépoux de Jocaste,
Marche de siècle en siècle et, las du ciel néfaste,
Demande chaque soir sil nest pas arrivé.
Mais, guidant son bâton qui se heurte aux pavés,
Sa fille près de lui glisse, voilée et chaste,
Et, fidèle, accompagne, ainsi quun pur constraste,
Lantique désespoir dont les yeux sont crevés.
Par les villes de pierre et par les longs faubourgs
Ils vont ; tendant la main, le soir, aux carrefours,
La vierge aux cils blonds chante, et demande laumône ;
Et rien nest plus sacré que le vieux roi sans yeux,
Qui vient à nous du fond des temps mystérieux,
Dont lâme peut souffrir encore et sen étonne,
Et que soutient toujours la divine Antigone.
Pareil en sa misère à lépoux de Jocaste,
Marche de siècle en siècle et, las du ciel néfaste,
Demande chaque soir sil nest pas arrivé.
Mais, guidant son bâton qui se heurte aux pavés,
Sa fille près de lui glisse, voilée et chaste,
Et, fidèle, accompagne, ainsi quun pur constraste,
Lantique désespoir dont les yeux sont crevés.
Par les villes de pierre et par les longs faubourgs
Ils vont ; tendant la main, le soir, aux carrefours,
La vierge aux cils blonds chante, et demande laumône ;
Et rien nest plus sacré que le vieux roi sans yeux,
Qui vient à nous du fond des temps mystérieux,
Dont lâme peut souffrir encore et sen étonne,
Et que soutient toujours la divine Antigone.