Poésie : Réveil
Écrit par Albert Samain
Laube dune clarté sépanche dans mon âme.
Au mur de lhorizon jai vu luire une flamme.
Les lys soudain dans lombre ont frémi de ferveur
Et jai senti passer la robe du sauveur.
Je suis le voyageur endormi sur la route,
Las et le coeur sinistre, au carrefour du doute,
Suant langoisse au fond dun cauchemar mortel,
Et qui, dans le matin dressé comme un autel,
Dun beau geste ébloui se réveille et se lève
À lappel dun grand ciel tout ruisselant de rêve !
Le verbe des hauteurs, ranimant mes pensers
Pareils après lorage aux épis renversés,
Les redresse dun seul frisson vers la lumière ;
Et mon coeur, comme un mort qui soulève sa pierre,
Mon coeur ressuscité bat sa vie à grands coups.
Car lépouse mystique a retrouvé lépoux.
Ô mon âme, la nuit a lâché sa capture.
Tu peux encor tenter la divine aventure,
Et vers ton inconnu, dun frémissant essor,
Monter légère au ciel comme une flèche dor.
Va-ten, va-ten : déjà le vent de la Parole
Fait tressaillir ta chevelure qui senvole
Et met la joie au coeur des chênes des forêts.
Va, belle, conquérir les magiques secrets,
Dont lamour pour toi seule a soulevé les voiles.
Lamour tattend, le grand papillon des étoiles...
Et flotte au large azur loriflamme dargent,
Lange a terrassé légoïsme intelligent,
La bête au ventre lourd, lhydre à léchine torse
Qui veut le mordre encore au talon et sefforce...
Éveillée aux rayons, éventée aux fraîcheurs,
La mer spirituelle émerge des blancheurs
Avec des vols ravis dâmes neuves encore
Comme des alcyons qui tournent dans laurore :
La mer spirituelle aux vagues de clarté
Où monte ton soleil vivant, ô Vérité !
Quand je marchais, perdu, loeil plein dun couchant sombre,
Une main de lumière a pris ma main dans lombre
Et ma conduit le long du mystique sentier,
Aux jardins où jaillit la source de pitié,
Sous les palmes doù tombe une paix angélique.
Alors jai revêtu la candide tunique
Et lespoir des enfants a visité mon coeur,
Ô mon âme, sois donc forte et fuis la langueur
Lâme senglue au miel du rêve et de la flûte.
La vie est à ce prix : roidis-toi pour la lutte.
Nattends pas vainement : ton futur tappartient.
Tiens-toi toujours debout pour celui-là qui vient
Et dont sur les chemins les pieds gravent lexemple.
Sois le prêtre vêtu de blanc au seuil du temple,
Pur et qui tend les bras vers le soleil levant !
Laile des envoyés palpite dans le vent,
Létoile brille au ciel entre toutes bénie,
Et voici revenus les temps dépiphanie.
Puisque la moisson croît pour léternel semeur,
Puisque le lys fleurit en loyal serviteur,
Je veux donner ma vie à la Bonne Espérance,
À la règle, à leffort, à la persévérance,
Lennoblir de sagesse, et de force larmer,
Lalléger de prière et toute lenfermer
Dans la soif de comprendre et la splendeur daimer.
Au mur de lhorizon jai vu luire une flamme.
Les lys soudain dans lombre ont frémi de ferveur
Et jai senti passer la robe du sauveur.
Je suis le voyageur endormi sur la route,
Las et le coeur sinistre, au carrefour du doute,
Suant langoisse au fond dun cauchemar mortel,
Et qui, dans le matin dressé comme un autel,
Dun beau geste ébloui se réveille et se lève
À lappel dun grand ciel tout ruisselant de rêve !
Le verbe des hauteurs, ranimant mes pensers
Pareils après lorage aux épis renversés,
Les redresse dun seul frisson vers la lumière ;
Et mon coeur, comme un mort qui soulève sa pierre,
Mon coeur ressuscité bat sa vie à grands coups.
Car lépouse mystique a retrouvé lépoux.
Ô mon âme, la nuit a lâché sa capture.
Tu peux encor tenter la divine aventure,
Et vers ton inconnu, dun frémissant essor,
Monter légère au ciel comme une flèche dor.
Va-ten, va-ten : déjà le vent de la Parole
Fait tressaillir ta chevelure qui senvole
Et met la joie au coeur des chênes des forêts.
Va, belle, conquérir les magiques secrets,
Dont lamour pour toi seule a soulevé les voiles.
Lamour tattend, le grand papillon des étoiles...
Et flotte au large azur loriflamme dargent,
Lange a terrassé légoïsme intelligent,
La bête au ventre lourd, lhydre à léchine torse
Qui veut le mordre encore au talon et sefforce...
Éveillée aux rayons, éventée aux fraîcheurs,
La mer spirituelle émerge des blancheurs
Avec des vols ravis dâmes neuves encore
Comme des alcyons qui tournent dans laurore :
La mer spirituelle aux vagues de clarté
Où monte ton soleil vivant, ô Vérité !
Quand je marchais, perdu, loeil plein dun couchant sombre,
Une main de lumière a pris ma main dans lombre
Et ma conduit le long du mystique sentier,
Aux jardins où jaillit la source de pitié,
Sous les palmes doù tombe une paix angélique.
Alors jai revêtu la candide tunique
Et lespoir des enfants a visité mon coeur,
Ô mon âme, sois donc forte et fuis la langueur
Lâme senglue au miel du rêve et de la flûte.
La vie est à ce prix : roidis-toi pour la lutte.
Nattends pas vainement : ton futur tappartient.
Tiens-toi toujours debout pour celui-là qui vient
Et dont sur les chemins les pieds gravent lexemple.
Sois le prêtre vêtu de blanc au seuil du temple,
Pur et qui tend les bras vers le soleil levant !
Laile des envoyés palpite dans le vent,
Létoile brille au ciel entre toutes bénie,
Et voici revenus les temps dépiphanie.
Puisque la moisson croît pour léternel semeur,
Puisque le lys fleurit en loyal serviteur,
Je veux donner ma vie à la Bonne Espérance,
À la règle, à leffort, à la persévérance,
Lennoblir de sagesse, et de force larmer,
Lalléger de prière et toute lenfermer
Dans la soif de comprendre et la splendeur daimer.