Poésie : Vision...
Écrit par Albert Samain
Le soir tombe ; la nuit millénaire descend...
Sur le temple écroulé pullulent les théâtres ;
Et les villes de feu, les villes idolâtres
Brûlent - rouges au loin - dans le soir saisissant.
Lor-soleil sest couché dans un marais de sang ;
Et lâme, sous son fard, suant des peurs verdâtres
Écoute au fond du ciel que contemplent les pâtres
Clouer dans lombre un grand cercueil retentissant.
Tous les puits sont taris où buvait la souffrance.
La terre, fatiguée, est lasse despérance
Et ne veut plus prier, tous ses dieux étant sourds.
La croix où pend Jésus sur la grève est déserte,
Et la mer qui sen va, comme une épave inerte
Roule, vide à ses pieds, le coeur des anciens Jours.
II
Musique encens parfums,... poisons,... littérature ! ...
Les fleurs vibrent dans les jardins effervescents ;
Et lAndrogyne aux grands yeux verts phosphorescents
Fleurit au charnier dor dun monde en pourriture.
Aux apostats du Sexe, elle apporte en pâture,
Sous sa robe dor vert aux joyaux bruissants,
Sa chair de vierge acide et ses spasmes grinçants
Et sa volupté maigre aiguisée en torture.
Larchet mord jusquau sang lâme des violons,
Lart qui râle agité dhystériques frissons
En la sentant venir a redressé léchine...
Le stigmate ardent brûle aux fronts hallucinés.
Gloire aux sens ! Hosanna sur les nerfs forcenés.
LAntechrist de la chair visite les damnés...
Voici, voici venir les temps de lAndrogyne.
Sur le temple écroulé pullulent les théâtres ;
Et les villes de feu, les villes idolâtres
Brûlent - rouges au loin - dans le soir saisissant.
Lor-soleil sest couché dans un marais de sang ;
Et lâme, sous son fard, suant des peurs verdâtres
Écoute au fond du ciel que contemplent les pâtres
Clouer dans lombre un grand cercueil retentissant.
Tous les puits sont taris où buvait la souffrance.
La terre, fatiguée, est lasse despérance
Et ne veut plus prier, tous ses dieux étant sourds.
La croix où pend Jésus sur la grève est déserte,
Et la mer qui sen va, comme une épave inerte
Roule, vide à ses pieds, le coeur des anciens Jours.
II
Musique encens parfums,... poisons,... littérature ! ...
Les fleurs vibrent dans les jardins effervescents ;
Et lAndrogyne aux grands yeux verts phosphorescents
Fleurit au charnier dor dun monde en pourriture.
Aux apostats du Sexe, elle apporte en pâture,
Sous sa robe dor vert aux joyaux bruissants,
Sa chair de vierge acide et ses spasmes grinçants
Et sa volupté maigre aiguisée en torture.
Larchet mord jusquau sang lâme des violons,
Lart qui râle agité dhystériques frissons
En la sentant venir a redressé léchine...
Le stigmate ardent brûle aux fronts hallucinés.
Gloire aux sens ! Hosanna sur les nerfs forcenés.
LAntechrist de la chair visite les damnés...
Voici, voici venir les temps de lAndrogyne.