Poésie : La réserve
Écrit par Claude-Joseph Dorat
Quand neuf baisers m'auront été promis,
Ne m'en donne que huit, et malgré ta promesse,
Soudain, échappe, ma Thaïs.
En la trompant, augmente mon ivresse :
Cours te cacher derrière tes rideaux,
Dans ton alcôve, asyle du mystère,
Sous l'ombrage de tes berceaux ;
Fuis, reparais, et ris de ma colère.
De berceaux en berceaux, de réduit en réduit,
J'épierai de tes pas la trace fugitive ;
Je t'attendrai, tu seras ma captive :
Le bonheur double alors qu'on le poursuit.
Défends toi bien, résiste avant que de te rendre ;
J'aurai beau gémir, t'accuser ;
Détourne avec art le baiser,
Quand ma bouche, avec art, sera prête à le prendre.
C'est ainsi qu'il est doux de se voir abuser.
Les huit premiers, accordés par toi-même,
Mettront le comble à ma félicité ;
Mais je mourrai de plaisir au neuvième,
Et surtout s'il m'est disputé.
Ne m'en donne que huit, et malgré ta promesse,
Soudain, échappe, ma Thaïs.
En la trompant, augmente mon ivresse :
Cours te cacher derrière tes rideaux,
Dans ton alcôve, asyle du mystère,
Sous l'ombrage de tes berceaux ;
Fuis, reparais, et ris de ma colère.
De berceaux en berceaux, de réduit en réduit,
J'épierai de tes pas la trace fugitive ;
Je t'attendrai, tu seras ma captive :
Le bonheur double alors qu'on le poursuit.
Défends toi bien, résiste avant que de te rendre ;
J'aurai beau gémir, t'accuser ;
Détourne avec art le baiser,
Quand ma bouche, avec art, sera prête à le prendre.
C'est ainsi qu'il est doux de se voir abuser.
Les huit premiers, accordés par toi-même,
Mettront le comble à ma félicité ;
Mais je mourrai de plaisir au neuvième,
Et surtout s'il m'est disputé.