Poésie : Les canaux somnolents entre les quais de pierre
Écrit par Georges Rodenbach
Les canaux somnolents entre les quais de pierre
Songent, entre les quais rugueux, comme en exil,
Sans paysage clair qui se renverse au fil
De l'eau qui rêve, -ainsi s'isole une âme fière, -
L'âme de l'eau captive entre les quais dormants
Où le ciel se transpose en pensive nuance
Dont la douceur à du silence se fiance.
Quelques nuages seuls cheminent par moments
Dans les canaux muets aux eaux inanimées
Qui semblent des miroirs réflétant des fumées.
Puis le ciel s'unifie, incolore et profond,
Et les pâles canaux entre leurs quais de pierre
Sont sans mirage, -ainsi dédaigne une âme fière, -
Et tout passage d'aile en leur cristal se fond ;
Plus rien n'entre parmi leurs eaux coagulées
Dont la blancheur ressemble à des vitres gelées
Derrière qui l'on voit, dans le triste du soir,
L'âme de l'eau, captive au fond, qui persévère
A ne rien regretter du monde en son lit noir
Et qui semble dormir dans des chambres de verre !
Songent, entre les quais rugueux, comme en exil,
Sans paysage clair qui se renverse au fil
De l'eau qui rêve, -ainsi s'isole une âme fière, -
L'âme de l'eau captive entre les quais dormants
Où le ciel se transpose en pensive nuance
Dont la douceur à du silence se fiance.
Quelques nuages seuls cheminent par moments
Dans les canaux muets aux eaux inanimées
Qui semblent des miroirs réflétant des fumées.
Puis le ciel s'unifie, incolore et profond,
Et les pâles canaux entre leurs quais de pierre
Sont sans mirage, -ainsi dédaigne une âme fière, -
Et tout passage d'aile en leur cristal se fond ;
Plus rien n'entre parmi leurs eaux coagulées
Dont la blancheur ressemble à des vitres gelées
Derrière qui l'on voit, dans le triste du soir,
L'âme de l'eau, captive au fond, qui persévère
A ne rien regretter du monde en son lit noir
Et qui semble dormir dans des chambres de verre !