Poésie : Confession amoureuse
Écrit par Jacques Davy Du Perron
et regret d'avoir aimé
une infidèle et inconstante Beauté.
Je me veux confesser ces jours dévotieux,
Que chacun a le coeur attaché dans les Cieux,
Et que mon Prince même exerce pénitence :
Je veux prier, jeûner, pleurer et m'accuser,
Et veux en m'accusant sagement opposer
A l'éternelle mort la vive repentance.
Je confesse, Seigneur, que lorsque je fus né,
Je me suis lâchement à tout vice adonné,
J'en conçois de regret une douleur amère,
Je ne m'excuse pas, mais, Seigneur, ce péché
Qui par sa compagnie a mon coeur entaché
Se fit mon compagnon au ventre de ma mère.
Car comme en une robe, ou comme dans un bois,
De nature les vers s'engendrent quelquefois,
Dans l'homme le péché de nature s'engendre.
Mais Dieu qui peut dompter un naturel pervers
Nous donna la raison pour étouffer ces vers :
L'homme est bientôt vaincu qui ne se peut défendre.
Je confesse, Seigneur, que dès mes jeunes ans,
Suivant tous ces plaisirs d'apparence plaisants,
J'ai très mal employé l'orient de mon âge,
Et que depuis toujours approchant mon midi,
Au lieu de m'embellir je me suis enlaidi :
Qu'est-ce que le péché que l'ardeur de courage ?
Mais sur tous les regrets que mon coeur empêché
Sent éternellement naître de mon péché,
Celui qui me cuit plus, celui qui plus entame
Mon esprit de regret, c'est d'avoir trop longtemps,
Vainquant de fermeté les esprits plus constants,
Adoré constamment une inconstante dame.
Pour les vaines douceurs d'un vain contentement
J'ai péché, j'ai parlé, j'ai fait injustement,
Mon penser, ma parole, et mon effet m'accuse,
Mais las ! tous ces pensers, ces propos et ces faits
Procèdent d'un sujet qui parmi mes forfaits
Sans sa déloyauté me servirait d'excuse.
Je veux donc confesser qu'après ce puissant Roi
Dont l'amour vit toujours, et brûle dedans moi,
Et pour qui seulement mon âme est animée,
Je brûle d'une ingrate, hélas ! qui fait toujours
Que ma constance au bruit de si lâches amours
Est par leur infamie à bon droit diffamée.
... J'imite un bel esprit qui dedans le tableau
Ne pouvant exprimer des traits de son pinceau
Le deuil de ce grand Roi, lui voila le visage,
En me taisant aussi je voile tes forfaits,
Au lieu de mes discours il faut voir tes effets,
Ce qu'on peut essayer n'a besoin de langage.
Je m'en confesse donc, et me repens d'avoir
Au giron de ce sexe endormi mon devoir,
J'en demande pardon, et m'en voulant résoudre,
Pour avoir en horreur les changements soudains,
Écoutez ma simplesse, ô généreux dedains,
Qui bravez les beautés, et m'en veuillez absoudre.
Arrière donc, Amour d'un sexe si maudit,
J'estime médisant celui qui n'en médit,
J'estime trop cruel celui qui ne l'offense.
Les humains offensés d'un sexe si pervers
Devraient contre sa rage armer tout l'univers,
Car contre un mai commun, commune est la défense.
Or je courus fortune où ce sexe voulut,
Mais maintenant entré dans le port de salut,
Je laisse ces trois vers au front de ce rivage :
Un pénitent d'Amour, et de simplicité,
Ayant été longtemps sur ce flot agité,
Est par sa repentance échappé du naufrage.
une infidèle et inconstante Beauté.
Je me veux confesser ces jours dévotieux,
Que chacun a le coeur attaché dans les Cieux,
Et que mon Prince même exerce pénitence :
Je veux prier, jeûner, pleurer et m'accuser,
Et veux en m'accusant sagement opposer
A l'éternelle mort la vive repentance.
Je confesse, Seigneur, que lorsque je fus né,
Je me suis lâchement à tout vice adonné,
J'en conçois de regret une douleur amère,
Je ne m'excuse pas, mais, Seigneur, ce péché
Qui par sa compagnie a mon coeur entaché
Se fit mon compagnon au ventre de ma mère.
Car comme en une robe, ou comme dans un bois,
De nature les vers s'engendrent quelquefois,
Dans l'homme le péché de nature s'engendre.
Mais Dieu qui peut dompter un naturel pervers
Nous donna la raison pour étouffer ces vers :
L'homme est bientôt vaincu qui ne se peut défendre.
Je confesse, Seigneur, que dès mes jeunes ans,
Suivant tous ces plaisirs d'apparence plaisants,
J'ai très mal employé l'orient de mon âge,
Et que depuis toujours approchant mon midi,
Au lieu de m'embellir je me suis enlaidi :
Qu'est-ce que le péché que l'ardeur de courage ?
Mais sur tous les regrets que mon coeur empêché
Sent éternellement naître de mon péché,
Celui qui me cuit plus, celui qui plus entame
Mon esprit de regret, c'est d'avoir trop longtemps,
Vainquant de fermeté les esprits plus constants,
Adoré constamment une inconstante dame.
Pour les vaines douceurs d'un vain contentement
J'ai péché, j'ai parlé, j'ai fait injustement,
Mon penser, ma parole, et mon effet m'accuse,
Mais las ! tous ces pensers, ces propos et ces faits
Procèdent d'un sujet qui parmi mes forfaits
Sans sa déloyauté me servirait d'excuse.
Je veux donc confesser qu'après ce puissant Roi
Dont l'amour vit toujours, et brûle dedans moi,
Et pour qui seulement mon âme est animée,
Je brûle d'une ingrate, hélas ! qui fait toujours
Que ma constance au bruit de si lâches amours
Est par leur infamie à bon droit diffamée.
... J'imite un bel esprit qui dedans le tableau
Ne pouvant exprimer des traits de son pinceau
Le deuil de ce grand Roi, lui voila le visage,
En me taisant aussi je voile tes forfaits,
Au lieu de mes discours il faut voir tes effets,
Ce qu'on peut essayer n'a besoin de langage.
Je m'en confesse donc, et me repens d'avoir
Au giron de ce sexe endormi mon devoir,
J'en demande pardon, et m'en voulant résoudre,
Pour avoir en horreur les changements soudains,
Écoutez ma simplesse, ô généreux dedains,
Qui bravez les beautés, et m'en veuillez absoudre.
Arrière donc, Amour d'un sexe si maudit,
J'estime médisant celui qui n'en médit,
J'estime trop cruel celui qui ne l'offense.
Les humains offensés d'un sexe si pervers
Devraient contre sa rage armer tout l'univers,
Car contre un mai commun, commune est la défense.
Or je courus fortune où ce sexe voulut,
Mais maintenant entré dans le port de salut,
Je laisse ces trois vers au front de ce rivage :
Un pénitent d'Amour, et de simplicité,
Ayant été longtemps sur ce flot agité,
Est par sa repentance échappé du naufrage.