Poésie : Hortorum Deus (I)
Écrit par José-Maria De Heredia
Olim truncus eram ficulnus.
HORACE.
A Paul Arène.
N'approche pas ! Va-t'en ! Passe au large, Étranger !
Insidieux pillard, tu voudrais, j'imagine,
Dérober les raisins, l'olive ou l'aubergine
Que le soleil mûrit à l'ombre du verger ?
J'y veille. A coups de serpe, autrefois, un berger
M'a taillé dans le tronc d'un dur figuier d'Égine ;
Ris du sculpteur, Passant, mais songe à l'origine
De Priape, et qu'il peut rudement se venger.
Jadis, cher aux marins, sur un bec de galère
Je me dressais, vermeil, joyeux de la colère
Écumante ou du rire éblouissant des flots ;
A présent, vil gardien de fruits et de salades,
Contre les maraudeurs je défends cet enclos...
Et je ne verrai plus les riantes Cyclades.
HORACE.
A Paul Arène.
N'approche pas ! Va-t'en ! Passe au large, Étranger !
Insidieux pillard, tu voudrais, j'imagine,
Dérober les raisins, l'olive ou l'aubergine
Que le soleil mûrit à l'ombre du verger ?
J'y veille. A coups de serpe, autrefois, un berger
M'a taillé dans le tronc d'un dur figuier d'Égine ;
Ris du sculpteur, Passant, mais songe à l'origine
De Priape, et qu'il peut rudement se venger.
Jadis, cher aux marins, sur un bec de galère
Je me dressais, vermeil, joyeux de la colère
Écumante ou du rire éblouissant des flots ;
A présent, vil gardien de fruits et de salades,
Contre les maraudeurs je défends cet enclos...
Et je ne verrai plus les riantes Cyclades.