Poésie : Et quel bien de la Mort ? où la vermine ronge
Écrit par Jean De Sponde
Et quel bien de la Mort ? où la vermine ronge
Tous ces nerfs, tous ces os ; où l'Ame se depart
De ceste orde charongne, et se tient à l'escart,
Et laisse un souvenir de nous comme d'un songe ?
Ce corps, qui dans la vie en ses grandeurs se plonge,
Si soudain dans la mort estouffera sa part,
Et sera ce beau Nom, qui tant partout s'espard,
Borné de vanité, couronné de mensonge.
A quoy ceste Ame, helas ! et ce corps desunis ?
Du commerce du monde hors du monde bannis ?
A quoy ces noeuds si beaux que le Trespas deslie ?
Pour vivre au Ciel il faut mourir plustost icy :
Ce n'en est pas pourtant le sentier racourcy,
Mais quoy ? nous n'avons plus ny d'Henoc, ny d'Elie.
Tous ces nerfs, tous ces os ; où l'Ame se depart
De ceste orde charongne, et se tient à l'escart,
Et laisse un souvenir de nous comme d'un songe ?
Ce corps, qui dans la vie en ses grandeurs se plonge,
Si soudain dans la mort estouffera sa part,
Et sera ce beau Nom, qui tant partout s'espard,
Borné de vanité, couronné de mensonge.
A quoy ceste Ame, helas ! et ce corps desunis ?
Du commerce du monde hors du monde bannis ?
A quoy ces noeuds si beaux que le Trespas deslie ?
Pour vivre au Ciel il faut mourir plustost icy :
Ce n'en est pas pourtant le sentier racourcy,
Mais quoy ? nous n'avons plus ny d'Henoc, ny d'Elie.