Poème:Petits Fragments

Des samedis matin indélébiles,
Libérés de nos habituelles rédactions,
Dans ton grand pantalon,
Tes deux émeraudes encore cachées par tes cils.

À l’heure des assiettes vidées,
Tes précieuses secondes de retard
M’offraient tes pas seuls dans cette allée
Comme une luciole dans le noir.

Le charme de ta présence dans mon dos,
Mordillant ton capuchon,
Tu me restais claire comme l’eau
Avec ta bouille dérobant mon attention.

Des après-midis en blouse blanche,
Dénouant d’un geste ta blonde flore,
Tu libérais un souffle d’or,
Un automne pour chacune de mes branches.

Un jour, juste à ma droite,
Tes yeux qui dessinaient mes fossettes,
J’ai osé une blague semblant maladroite,
Tu as poussé ta ravissante chansonnette.

J’ai gardé ces petits fragments,
Quelques morceaux de temps
Taillés dans ta roche
Au fond de mes poches.

Je les ai glorifié dans cette page,
Leur insuflant une seconde vie
Pour qu’ils restent inscrits,
Pour qu’ils m’inspirent du courage.

Je te les confierai en de frileux mots
Privés de ce qui les fait voler si haut,
Quand ton regard sur moi viendra se poser,
Ils ne perdront pas leur pureté.

Je les susurrais à ton cœur
Pour réveiller sa lueur.