Prose:Les Échos Du Classement

Chaque semaine, sur ce site, le cirque recommence. Les mots se rangent en colonnes, les textes se pèsent, les cœurs se comptent comme des sous dans une caisse. Les écrivains, ces rêveurs d’encre et de lumière, deviennent des sprinters involontaires, courant après des chiffres qu’ils ne méritent ni ne comprennent.

Le classement s’élève, brille un instant, puis s’efface comme un feu de paille numérique. Et pourtant, combien s’y accrochent, avides, scrutant leur place comme si elle valait plus que leur âme ? Combien confondent applaudissements virtuels et reconnaissance réelle, oubliant que la poésie se rit des palmarès ?

L’écriture n’a jamais eu besoin de trophées. Elle n’est ni un concours, ni un marché aux vanités, ni un théâtre pour spectateurs impatients. Elle est souffle, confidence, rébellion silencieuse contre la médiocrité et le bruit des chiffres.

Un texte n’a pas besoin d’être vu pour exister. Qu’il fasse frissonner un seul cœur suffit. Voilà la victoire vraie, invisible et éternelle, méprisante pour les obsédés du classement et généreuse pour ceux qui savent écouter.

Que les chiffres continuent leur ballet grotesque, pendant que les écoliers des mots, eux, poursuivent leur route dans l’ombre, libres, indociles, tissant des émotions, façonnant le temps et portant la lumière là où le vent du palmarès ne souffle jamais.