Poème:Face À Moi

Face à moi,
Ce n’est pas sans joie que je l’entraperçois,
Atteint d’un mal cérébral,
Atteint d’un mal infernal et indécelable,
J’ai erré non sans raison mais sans fin,
Dans l’espoir de la revoir enfin.

Face à moi,
Elle se tient là, si proche de moi,
Accolée contre cette obscure paroi,
Mais c’est à grandes peines que je la traîne,
Ma chaire alitée et sevrée d’oxygène.

Face à moi,
Son éternelle robe d’ébène,
Son corps toujours aussi gracieux, mais si fragile,
Et sa douce peau blême,
Elle me regarde, me sourit et m’aime peut être,
Succombant, assidûment si fébrile,
Je la réclame désespérément de tout mon être.

Face à moi,
A chaque seconde passant,
Un peu plus de moi se rapprochant,
Elle me montre l’ultime voie de la délivrance,
Dépérissement latent de toutes ces souffrances.

Face à moi,
Ses nobles et féeriques yeux d’ébènes,
Essence passée de sa haine,
Quittant cet univers austère et crépusculaire,
Quittant cette vie meurtrie et meurtrière.

Face à moi,
Je le sens à présent, son souffle glacial,
Qui se dissout au dessous de mon coup,
Tel une brise fraîche et agréable mais abyssale,
Qui me desavoue de mon courroux.

Face à moi,
Elle m’invite à franchir cette morne porte,
Par delà, est la mort qui m’exhorte,
Par delà, est cette fugace liberté,
Que j’ai longtemps, en vain, invoqué.

Face à moi,
Lueur intérieure de mon repu cœur,
Autrefois alité et éploré,
Source retrouvée de mon bonheur,
La Mort, que je n’ai que trop suppliée…