Poème:Mathieu Est Mort

Où es-tu maintenant que je ne t’entends plus ? Qu’est devenu le temps que l’on avait ?
Déjà que l’on s’était perdu de vue… Il faut en plus que tu partes, il paraît.
Si encore je me souvenais de nos dernières entrevues, mais mes souvenirs s’effacent sur de longs regrets.
Aujourd’hui je pleure un ami qui n’est plus
Aujourd’hui pour lui, il n’y aura pas de demain
Les flocons de l’hiver me l’ont volé, déchu
Lui, qui aimait tant ce paradis blanc, s’est éteint.
Absorbé par une avalanche de merde blanche, absorbé par l’inutilité d’une nature qui s’épanche. Mais pourquoi, mais pourquoi…
J’imagine son corps froid alors que je l’ai touché
Je ressens la dureté de son corps sans vie
Je me rappelle son visage tout simplement et j’ai si mal
J’ai si mal…
Je pleure des larmes qui gèlent, je pleure de me dire que je rêve peut être.
Est-ce un cauchemar, est-ce moi qui devient fou ? est-ce bien son père que j’ai eu au téléphone ?
Ai-je bien entendu que Mathieu est mort ?
Ai-je bien entendu qu’il n’est plus que cendre ?
Mon Dieu ce n’est pas possible… Vais-je devoir lui acheter une stèle ? en souvenir…
Je deviens fou d’une tristesse globale, je suis vide de joie
Même mes mots sont moches, je n’arrive même pas à lui offrir ce cadeau.
Je ne peux plus rien pour lui, il n’est plus.
Mathieu et mort.
Mort, mort, mort, mort
Ça sert à quoi… .
Je me sens inutile comme lui l’est…
On est rien, rien…
Le plaisir c’est peut être de mourir, de crever pour oublier, oublier des instants inutiles, oublier des gens inutiles, oublier des corps inutiles, oublier des vies inutiles, oublier qu’on finit un jour…
Au fond, y’a pas de fond, y’a pas de raison, y’a pas de mot.
C’est quoi sa vie ?
Hein, c’est quoi ?
Les gens qui restent ?
Les gens qui chialent ?
Les gens qui l’aimaient pour rien ? pour rien oui…
Moi j’ai vécu quoi avec lui ? j’ai connu un mort, j’ai connu un mort.
Il me disait « la montagne c’est si beau »… oui si beau !
Mais cette salope l’a foulé pour rien.
J’imagine cet instant, l’instant où il s’est vu mort, l’instant de trop de rien, l’instant où je l’ai perdu.
Je ne peux plus vivre comme avant, au fond de moi, j’ai plus d’envie.
Juste l’envie de gonfler les voiles, souffler vers lui à la place d’Eole, voir si il me voit, voir s’il pense a moi.
Moi je pense à toi, et j’ai mal.