Poème:Saint-Barthélemy (Premier)

Face à la maison aux murs immenses,
Sur les marches de l’entrée,
Valse la petite Aglaé.
Elle sourit et flotte dans sa danse,
Gracieuse, elle vire
Au son d’une lyre
Qui berce ses pas harmonieux,
Et les boucles de ses cheveux.

Et au loin un éclat
Annonce le glas.

Aélia vient du jardin,
Et approche de son nez
L’enivrant et doux thym
Le subtil parfum,
Qu ’elle veut inhaler.
Et, en voyant sa petite sœur,
Esquisse un sourire de bon cœur.
Elle s’approche d’elle lentement
Et la regarde tendrement.
« - Aélia ! Veux-tu danser ?
-Je ne me ferai pas prier. »
Et toutes deux gloussent.
Elles commence un ballet
Et sente la mousse
Sous leurs pieds dénudé.

Les carillons se font soutenus,
Et Aélia même en dansant
Perçois le singulier moment.
Son visage tendu ne sourit plus
Car des gens à demi-dévêtus
Courent maintenant dans la rue.

La porte d’entrée vient de claquer
Et les parents viennent implorer
Leurs fille de rentrer.
« Il y a du danger ».
Affolées les fillettes courent.
Et à la tombée du jour
On entend le cri des canons
Qui stoppe les violons
De la joie et de l’indolence
Des plaisirs de l’insouciance.
On sent s’abolir
Le sens même de l’innocence.

Il faut partir.
Et à la mélodie du puissant chuintement,
Des cris, de la clameur,
Aglaé sent son cœur
S’arrêter lentement, atrocement.
Elle a peur pour sa sœur
Et s’effondre en pleurs
Dans son petit lit
Où la journée se finit.