Poème:Un Jour Ordinaire

Un jour ordinaire, sur le quai de la gare,
En attendant mon train de nouveau en retard,
L’esprit en vadrouille, comme à chaque matin,
Et cette impression constante de plat quotidien,
Mon regard vidé fixe les publicités ;
Je m’en vais au travail pour toute la journée.

Le train arrive, j’y monte machinalement ;
J’avance dans le wagon et y prends place devant.
Le doux ronronnement et les secousses légères
Me bercent dans un sommeil que je sais éphémère.
Le train ralentit déjà ; c’est le prochain arrêt,
Et mes yeux mi-clos sont toujours dans l’abstrait.

La sonnerie retentit qui annonce le départ ;
Une silhouette se faufile, et puis on redémarre.
C’est alors qu’un parfum, d’une essence enchanteresse,
Me parvient aux narines comme une douce caresse.
Un sourire de bien-être éclaire mon visage
Et mes yeux s’ouvrent alors sur la plus belle des images.

Une nymphe adorable a pris place face à moi,
Elle a un corps de rêve et un jolis minois.
Encore toute essoufflée de sa course effrénée,
Ses belles lèvres pulpeuses s’arrondissent pour souffler.
Elle a des formes parfaites, peau légèrement bronzée,
Elle ferme ses beaux yeux ; sa tête est inclinée.

Mon regard ébahi ne peut se détacher d’elle.
Tout en elle me plaît : c’est ange venu du ciel !
Les nuances de lumière accentuent son éclat.
Elle n’a aucun défaut ; je veux la serrer contre moi.
Elle rouvre subitement les yeux et me regarde alors
Comme si elle se savait épiée, tel un très beau trésor.

Elle n’a pas l’air gênée, ne trouble pas sa vue ;
Moi j’ai la gorge nouée, je ne respire même plus.
Les battements de mon cœur s’accélèrent comme jamais ;
Si seulement elle savait tout ce que je ressentais…
Ses beaux cils se referment, elle ré-incline la tête.
Tous mes membres sont figés, j’ai l’air tout-à-fait bête.

Mon terminus approche, je me lève péniblement ;
Elle reste immobile, ne descend pas maintenant.
Une fois sorti du train, je m’arrête dans l’espoir
Que jusqu’à l’ultime seconde, je puisse encore la voir.
De toute la journée et des journées suivantes,
Je ne pensais qu’à elle, comme une fée qui me hante.
Cet heureux souvenir me redonne l’espérance
De revivre un beau jour une pareille expérience ;
Car si souvent on souffre dans ce monde cruel,
Il nous réserve parfois les choses les plus belles…