Poème:Le Grenier

J’ai retrouvé dans le tiroir
D’un meuble oublié au grenier,
Entre une chaise et un miroir,
Parmi les toiles d’araignées,
Un’ farde à la couverture noire
Qu’j’avais complèt’ment oubliée
Et que j’ai ouvert sans trop croire
Qu’elle me ramèn’rait au passé.

Parmi quelques feuilles jaunies
Que j’avais salies de ma plume,
-Elucubrations de jeunesse
Parlant de haine, de mort, d’amour-
Une photo a soudain surgi
Comme un cadavre qu’on exhume,
Et c’est les doigts pleins de tendresse
Que j’en nettoyais les contours.

Cette photo m’est montée aux yeux,
Elle s’est répandue dans mon être
En déchirant sur son passage
Quarante ans de mon existence.
Fouinant mon cœur tel un épieu,
Telle l’épée aiguisée d’un reître,
Elle me renvoya là où l’âge
N’est qu’un long moment d’insouciance.

Je n’sais pas après combien d’temps
Je suis sorti de ma rêverie.
Je sais que mon âme était lasse,
J’ai vu qu’il restait de l’espoir.
Plus rien ne serait comme avant
Même si ça n’changerait pas ma vie.
J’ai remis la photo en place
Et refermé le vieux tiroir.