Poème:Petites Annonces

Un jeune homme, par une annonce
Présentée comme une rencontre pouvant le bouleverser,
S’en alla vérifier le contenu de ses yeux
Imaginant déjà un corps nu merveilleux.

Il prit son manteau, son argent,
Partit tôt par peur de rater
Ce qui devrait rester pendant des années
Comme le souvenir d’un début engageant

Seul face à la porte, sonnant plusieurs fois,
Le vent emportant son chapeau et sa voix,
Il n’a d’autre choix que d’oser entrer
Pour ne pas regretter le prix de l’aller !

Il voit le palier, hésite un instant…
Se pose fort longtemps devant l’escalier,
Entreprend après peu de le monter
Les pas rythmés par trois crépitement.

Un long couloir devant lui se présente
L’encens ajoutant une tension pesante
Non nécessaire : les murs étant bien noirs,
Ou peut-être est-ce un rare choix d’architecte
De présenter une entrée ainsi faite ?

Au détour d’une porte entrouverte,
Jetant une odeur agréable
Notre héros, en hésitant certes,
Poussa le bois, ambiance palpable,
Pour découvrir impeccable
Une baignoire tout en finesse.
Posée au centre de la pièce,
Lumière tamisée,
Une nuisette au sol juste à côté,
Une nymphe attendait dedans.

Très étonné il demanda : « Comment
Donner rencontre dans un tel confinement !
Et pourquoi par un tel froid
Prendre un bain alors que des vêtement »
Il coupa net son monologue
Car auscultant tête et voyant
Maquillage coulant et yeux blancs,
Il se rendit compte rapidement
Qu’en présence d’un tel accident,
Dû à une drogue ou divers composant,
Le dialogue est voué à un échec assuré !

Que faire ? La jeune fille est tentante,
Comme perdue dans un rêve oublié,
Il serait si simple d’un peu l’ausculter
Mais pendant le laps de temps qu’il mettait
À confectionner ses projets,
-Bien sombres vous en conviendrez-
Son regard sur sa peau se pose,
Touche d’un doigt et observe de près
Une poudre d’or au teint bien rose.
Son coeur palpite, il imagine excité,
De toutes ces pépites, le bénéfice emporté.
Immisçant sa main dans l’eau glacée,
Déblayant la peau de l’or rincé.
Tout le corps y passe, seins dos et même fesses,
Alliant ainsi bénéfices et caresses.
L’ami racle jusqu’à voir sur ses deux paumes
Se tasser plus de métal qu’en mille aumônes.

Une fois les poches très remplies un miracle arriva,
La diva dégarnie à l’oeil nu reprena
La même couleur Or qu’à l’arrivée du goujat.
Oeil en pleurs, ses mains s’agitant de bonheur
Le pillage ainsi fait ne lui suffisait pas.
« Qu’un malheur m’abatte mais je vais te draper
Cette nuisette à terre conforte mon projet
Nous partons chez moi passer un bel été »
Il prévoit les lingots et toute sorte d’objets,
Quittera son boulot pour pouvoir les forger
Pense déjà quel bateau acheter en premier.

Dès la première marche de l’escalier passé
Il sent le poids sur ses bras s’enfuir rapidement
La belle emportait avec elle ses secrets
S’évaporant sans un mot
Laissant l’autre
Muet…
Vérifiant en vitesse sa veste,
Tout ce qu’il redoutait tant arriva.
Plus rien de l’or, des lingots ne reste ;
Le bateau tant rêvé attendra…

Ivre de douleur
Se rue dans la salle de bain
Voit avec stupeur
La fille posée dans son bain
Là telle qu’elle était.

Blessé dans ses intentions,
Comprenant de moins en moins
Notre beau Roméo sait bien
Même en faisant très attention
Après d’autres essais en vain
Que la peau d’or restera là.

Amer, il tente une dernière audace
Brise une glace et la rentre à son cou
Coupe quelques veines, tord son genou
Pas de sang, à terre juste une glace…

Le visage de la jeune toujours impassible,
Notre héros se résigne au lever du jour
Prend ses vêtements et un billet retour
« -Jamais je n’ai eu plus difficile cible. »

Fatigué il se repose.
Il se propose bière et pizza
Qu’il consomme, quand soudain fracas !
Un grand sac plastique hors du meuble s’écrase
Il faut s’approcher pour entendre une phrase.

C’est une jeune femme en sang qui gît à terre
Son corps enlacé de plastique pas cher
Hier soir dansant et buvant cent bières.
Notre ami se dévoilant prédateur
Lui demandant de parler moins fort
Recolle un bout de bande
À sa bouche saignante.

Après avoir placé, près du canapé
Sa pauvre dulcinée devant la télé
Il laisse pizzas, bières et détritus, va au boulot seul en voiture.
Quant à elle tout de scotch son visage est vêtu,
En silence elle se tait et sans autre impromptu
Termine sa vie aux côtés d’une tranche découpée
De pizza.

Derrière tout coeur avide d’argent
Se cache un terrible acteur séduisant.