Prose:Tout Perdu

Tes yeux imbibés d’eau salée,
Le ruisseau de tes pleures se fait nomade sur mes terres,
Ta gorge paraît s’étouffer avec ta bave épaisse,
Tes mots ont une cadence de manchot,
Ta voix me fait trembler comme une femme qui suinte de plaisirs,
Clouée dans une douleur inamovible,
Je ne peux fracasser tes peines,
Et je ne peux te comprendre.
Parce que je t’avais laissée en colère au beau milieu de la nuit,
Non dans cette indignation de trépas.
Ta respiration nasillarde autour de mon cou,
Tu te fais valdinguer dans mes bras,
Comme si j’étais destiné à ce moment,
Comme si j’étais le Dessalines de ton indépendance.
Un désespoir vorace loge sur ton visage ;
Les gigantesques viols que tu as subis ne peuvent rester comme un scandale étouffé.
Il ne reste plus de flèche à ton arc.
Malgré tout ce que tu as vécu,
Ta beauté reste gracieuse.
Malgré tu as perdu ton sourire de magnanimité,
Tu restes ma raison de vivre.
Je n’ai pas pu être là pour défendre ton territoire,
Qui est tout aussi le mien.
Je n’arrive pas à accommoder ma haine à mon encontre,
Car je devais être là pour te protéger.
Pourquoi ai-je sorti à cette heure tardive de la nuit,
Sans essayer d’arranger les choses ?
Je n’arriverai jamais à me le pardonner,
Je t’avais promis d’être toujours là pour toi,
Et que je ferai feu de tout bois pour te protéger.
J’ai reparti pour te venger,
Mais quand j’étais revenu,
Tu n’étais plus là,
Bien que les meubles étaient toujours en place,
La maison était vide sans toi.
J’ai perdu la tête,
Après avoir lu ta lettre d’absence,
Car je me suis fait priver de ma justesse d’esprit,
Qui était tout simplement toi.