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Poeme : De Profundis



De Profundis

Alors que la neige était devenue grise
Recouvrant les trottoirs d’un sinistre tapis,
Que les rues se fendillaient de larges brisures
D’où de sombres fumeroles tels des vomissures
Exhalaient dans les rues leurs pourritures,
Les Morts des Enfers revenaient vers les vivants,
Légion silencieuse dans les villes se répandant.
Ils allaient cherchant leurs proches, , leurs demeures,
Frappaient aux portes pour revenir chez eux,
Aux pâles fenêtres on regardaient leurs yeux,
Cherchant un éclat dans leurs airs de fossoyeurs.

Devant leurs pères, leurs mères, les portes s’ouvraient ;
Les défunts entraient dans les maisons silencieuses
Et sagement s’asseyaient dans leurs fauteuils,
Immobiles, muets recouverts de leurs linceuls,
Les vivants n’osaient pas les toucher, ils attendaient
Que leurs défunts quittent leurs manières boudeuses.

Ils en étaient ainsi dans toutes les villes du Monde,
Sur tous les continents, les morts ne craignent pas les bombes,
Ni les balles des fusils, rien ne les faisaient retourner dans leurs tombes, .
Les prières des religieux ils s’en moquaient, de jours en jours
Ils étaient plus nombreux, en file indienne sur les routes,
Semant dans l’esprit des vivants la graine de la déroute,
Se terrant dans les profondeurs comme seul recours.

Dans les villes désertés les morts allaient tels des vagabonds,
Du sorts des descendants ils s’en moquaient les échappés,
Au soleil doré ils levaient leurs bras, ils s’étaient tous sauvés
De l’Enfer, de limbes de la Terre, l’étrange légion.

Dans leurs cavernes, leurs souterrains les vivants attendaient,
Mais au fil des ans la mort ne venait pas les chercher,
La grande évasion avait de la Terre tué la Mort,
Pour l’éternité les humains attendraient leurs sorts.

Dans les villes silencieuses, les morts souriaient enfin,
La Peste du monde : les sinistres humains avaient disparu
Plus de guerres, plus de bombes, plus de sinistres refrains
Seul la foule vagabonde des trépassés dans les rues.
Coburitc

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Poème en Phonétique

alɔʁ kə la nεʒə etε dəvənɥ ɡʁizə
ʁəkuvʁɑ̃ lε tʁɔtwaʁ dœ̃ sinistʁə tapi,
kə lε ʁy sə fɑ̃dijε də laʁʒə- bʁizyʁə
du də sɔ̃bʁə- fyməʁɔlə tεl dε vɔmisyʁə
εɡzalε dɑ̃ lε ʁy lœʁ puʁʁityʁə,
lε mɔʁ dεz- ɑ̃fe ʁəvənε vεʁ lε vivɑ̃,
leʒjɔ̃ silɑ̃sjøzə dɑ̃ lε vilə sə ʁepɑ̃dɑ̃.
ilz- alε ʃεʁʃɑ̃ lœʁ pʁoʃə, lœʁ dəməʁə,
fʁapε o pɔʁtə- puʁ ʁəvəniʁ ʃez- ø,
o palə fənεtʁəz- ɔ̃ ʁəɡaʁdε lœʁz- iø,
ʃεʁʃɑ̃ œ̃n- ekla dɑ̃ lœʁz- εʁ də fɔswajœʁ.

dəvɑ̃ lœʁ pεʁə, lœʁ mεʁə, lε pɔʁtə- suvʁε,
lε defœ̃z- ɑ̃tʁε dɑ̃ lε mεzɔ̃ silɑ̃sjøzə
e saʒəmɑ̃ sasεjε dɑ̃ lœʁ fotəj,
imɔbilə, mɥε ʁəkuvεʁ də lœʁ lɛ̃səl,
lε vivɑ̃ nozε pa lε tuʃe, ilz- atɑ̃dε
kə lœʁ defœ̃ kite lœʁ manjεʁə budøzə.

ilz- ɑ̃n- etε ɛ̃si dɑ̃ tutə lε vilə dy mɔ̃də,
syʁ tus lε kɔ̃tinɑ̃, lε mɔʁ nə kʁεɲe pa lε bɔ̃bə,
ni lε balə dε fyzil, ʁjɛ̃ nə lε fəzε ʁətuʁne dɑ̃ lœʁ tɔ̃bə, .
lε pʁjεʁə dε ʁəliʒjøz- il sɑ̃ mɔkε, də ʒuʁz- ɑ̃ ʒuʁ
ilz- etε plys nɔ̃bʁø, ɑ̃ filə ɛ̃djεnə syʁ lε ʁutə,
səmɑ̃ dɑ̃ lεspʁi dε vivɑ̃ la ɡʁεnə də la deʁutə,
sə teʁɑ̃ dɑ̃ lε pʁɔfɔ̃dœʁ kɔmə səl ʁəkuʁ.

dɑ̃ lε vilə dezεʁte lε mɔʁz- alε tεl dε vaɡabɔ̃,
dy sɔʁ dε desɑ̃dɑ̃z- il sɑ̃ mɔkε lεz- eʃape,
o sɔlεj dɔʁe il ləvε lœʁ bʁa, il setε tus sove
də lɑ̃fe, də lɛ̃bə də la teʁə, letʁɑ̃ʒə leʒjɔ̃.

dɑ̃ lœʁ kavεʁnə, lœʁ suteʁɛ̃ lε vivɑ̃z- atɑ̃dε,
mεz- o fil dεz- ɑ̃ la mɔʁ nə vənε pa lε ʃεʁʃe,
la ɡʁɑ̃də evazjɔ̃ avε də la teʁə tye la mɔʁ,
puʁ letεʁnite lεz- ymɛ̃z- atɑ̃dʁε lœʁ sɔʁ.

dɑ̃ lε vilə silɑ̃sjøzə, lε mɔʁ suʁjε ɑ̃fɛ̃,
la pεstə dy mɔ̃də : lε sinistʁə- ymɛ̃z- avε dispaʁy
plys də ɡeʁə, plys də bɔ̃bə, plys də sinistʁə- ʁəfʁɛ̃
səl la fulə vaɡabɔ̃də dε tʁepase dɑ̃ lε ʁy.