Poème:Songes

J’ai laissé mes songes envahir mes souvenirs
Perdu entre les deux rives du temps
Je vais dans ce monde comme un enfant
Qui court dans la forêt pour s’enfuir.

Les ponts de Paris que j’ai tant de fois traversé,
Où souvent j’ai embrassé mes douces amantes
Me semblent aussi étrangers que la foule bruyante
Qui sans cesse ne fait que les enjamber.

La Seine où se baignent mes souvenirs de jeunesse
Ne peut que se moquer de mon étrange paresse,
Les merveilleuses illuminations me semblent désuètes
Comme les images d’enfance qui m’entêtent.

L’odeur des sapins m’entrainent dans leurs forêts,
Je m’évade dans leurs majestueuses sapinières
Maudissant les bucherons, leurs haches meurtrières
Qui déboisent pour une semaine de fêtes.

Je ne m’arrête pas dans l’horrible marché des fêtes
Où camelots vous vendent quelques bricoles
Seul le vin chaud joue parfois son rôle
Malheureusement l’Hiver a perdu la tête.

Si vous avez comme moi le spleen de la fin d’année,
Que l’approche de cette année de plus au compteur
Approche de vous la sinistre et mortelle torpeur
Je vous embrasse de tout mon cœur panier percé.

Je retourne dans mes songes le long des quais,
Comptant comme un gosse les ampoules de la Tour Eiffel
Cherchant dans le ciel illuminé les étincelles
Des Mondes perdus où vivent désormais ceux que l’on aimait.