Prose:… Les « Longs-Séjours »…

Ma petite dernière AnaÏs qui est infirmière à l’hôpital d’avignon en service gériatrie « Long séjour », sait qu’elle perdra à plus ou moins brève échéance, chacune des personnes âgées qui entrent dans son service…
Depuis son premier stage obligatoire lorsqu’elle était en 3ème, elle a toujours sû ou se trouvait sa vocation… Elle a choisi en son âme et conscience en sachant que ce serait un parcours, un choix de vie très difficile avec la mort au bout… Connaissant son cœur, j’ai essayé de la faire changer d’avis et elle m’a répondu avec une très jolie phrase : « Tu sais maman. . ! les personnes âgées sont comme des enfants mais avec un passé… ! il faut bien qu’il y ait des personnes pour s’occuper d’eux, les soigner, les écouter surtout… et puis c’est comme ça… je les aime… »
Que répondre à ça… Rien… je l’ai simplement regardée et je l’ai trouvée plus belle encore ma jolie petite blonde… C’était la beauté de son âme qui était devant moi ce jour là… !
Bien souvent depuis, elle est venue pleurer dans mes bras lorsqu’un de ses « enfants chéris » venaient à s’assoupir… pour leur dernier sommeil ! Combien de mains a-t-elle tenu dans les siennes… si petites… à attendre le dernier souffle et rester même en dehors de ses heures de travail lorsqu’elle savait que la fin était prôche…
Mais aujourd’hui, mon bébé a le cœur brisé… elle s’était particulièrement attachée à un vieux monsieur qui l’appelait « ma petite princesse »… ! Jamais de visites… rien… Abandonné de tous… ! !
Lorsqu’elle a pris son poste ce matin à 6h, elle est arrivé trop tard… « son Amoureux »… c’est ainsi qu’elle l’appelait, s’était éteint pendant la nuit… elle avait fini la veille à 21h… !
L’infirmière de nuit lui a tendu une enveloppe lorsqu’elle est arrivée et lui a demandé de ne pas se rendre dans la chambre de « monsieur Untel »… !
Anaïs a refusé, n’a pas voulu comprendre ce que sa collègue voulait lui dire… et elle a ouvert lentement l’enveloppe ou était marqué son prénom dans cette jolie écriture qu’ont encore nos anciens…
Il y avait une feuille blanche a petits carreaux et de son écriture tremblante, « son amoureux » lui avait laissé son dernier message et par là, sa première lettre d’amour… !

NE PLEURE PAS SI TU M’AIMES…

Ne pleure pas si tu m’aimes ! Si tu savais le don de Dieu et ce que c’est le ciel…
Si tu pouvais voir se dérouler sous tes yeux, les immenses horizons et les nouveaux sentier où je marche. .
Si un instant tu pouvais contempler comme moi la beauté devant laquelle toutes les beautés palissent !
Quoi ? TU m’as vu… Tu m’as aimé dans le pays des ombres et tu ne pourrais ni me revoir ni m’aimer dans le pays des immuables réalités… ?
Crois moi, quand la mort viendra briser tes liens, comme elle a brisé ceux qui m’enchaînaient, et quand un jour, que dieu seul connait et qu’il a fixé, ton âme viendra dans ce ciel où l’a précédé la mienne, ce jour là, tu me reverras et tu retrouveras mon affection purifiée…
A dieu ne plaise, qu’entrant dans une vie plus heureuse, je sois infidèle aux souvenirs et aux vraies joies de ton autre vie, et sois devenu moins aimant !
Tu me reverras donc, transfiguré, dans l’extase et le bonheur… non plus attendant la mort, mais avançant, d’instant en instant avec toi dans les sentiers nouveaux de la lumière et de la vie !
Alors essuie tes larmes… et ne pleure plus si tu m’aimes…

Pour ma petite princesse… en espérant que lorsque ce jour viendra… tu ne sois pas auprès de moi… !
Car le dernier souvenir que j’emmènerais dans l’au- delà sera celui de tes yeux, de ton sourire et non pas celui de tes larmes… !
Je t’aime…

Je n’ai pas de commentaire à faire après çà… sauf… un jour nous serons vieux ou vieilles… que dieu fasse que nous croisions le chemin d’une petite Anaïs… !