Texte:Alibi

Parce qu’elle finit par nous fuir, celui qui n’a pas la beauté n’est rien pour celui qui l’a perdue. Elle s’efface au fil des ans comme un ancien poème inscrit sur palimpseste. Elle est partout, quand nous baissons les yeux ou les genoux, mais nous aimerions l’avoir plutôt que la voir.

Là voilà, pleine de lumière : un éclat que mon corps avait perdu. Elle s’avance, m’esquisse un sourire puéril et s’en va comme un ange blagueur. Le musc de son béguin se colla à mon nez, ce fut comme un horion acide et capiteux venu des baies les plus lointaines. J’étais fou de son amour et amoureux de sa folie, une joie, une peur, un frisson, une jouissance, un décollage…

Un visiteur singulier, ses beautés au pluriel, il n’était pas là, elles me fuient à grands pas. Arriverai-je à les rattraper ? Le retrouverai-je près de moi ? Serai-je assez fort pour l’apprivoiser ? Que la vie puisse faire de l’amour, une littérature…

Un alibi.