Slam:Caïn Fils De…

Caïn fils de… .

Avec Caïn (ie : Cocaïne) Fils d’Adam et Eve…
Être avec Caïn, vous ouvre des portes qu’on nous disait interdites. Une pomme se croque à pleine dent comme disait sa mère. On entre facilement, juste besoin de baisser un peu la tête. Une révérence ?
Pfff.

J’ai pendant un temps glorifié son inspiration, minimiser son expiration, pariant sur l’expiation.
« Moins fort qu’une drogue douce inhalée » à n’en pas douter. Je le pensais. Et il m’arrive encore d’oublier que ce n’est pas vrai. Une autre épice. Une épice qui tue. Le deuxième toxique le plus dangereux de ta rue, après l’héroïne. L’héroïne aura toujours le premier rôle.
Hummm

Si doux, impossible que Caïn ai pu tué Abel et devenir le premier meurtrier de l’histoire (biblique) . Un enfant qui voulait faire plaisir, un accident tout au plus.
ah bon ?

Pendant un temps j’ai glorifié son image, magnifiés ses effets, éclipsé les mises en garde.
Le soleil devant, avant la lune. L’instant avant le futur, c’est logique non ?
Au bout de quelque temps, je fis de Caïn un portrait fraternel accroché au dessus des miens, par dessus les miens.
Un autoportrait aussi, Dorian White.
Wilde

Il tutoie les plus grands de ce monde comme les laissé-pour-compte. Il tutoie les célébrités, les boulangers, les vedettes, les ouvriers, les sportifs, les artistes, les architectes, les vendeurs, les chômeurs, les docteurs, les bergers…
Il tutoie le premier qui pointe le bout de son nez. Le tutoiement crée rapidement de la complicité.
Il te tue toi ?
NON

Son spectre bien souvent auréolé (über coca, Sigmund Freud) , stylisé (Scareface Martin Scorcese) apparaît et disparaît tel un accessoire de vie dans les fictions de tous temps.
Caïn s’invite dans les personnages du sommet aux abîmes, de l’abîme aux sommets.
Les personnages passent, parfois trépassent, Caïn reste.
La légende se crée, s’imprime, s’installe, s’enregistre, se diffuse, se colporte.
J’avais déjà vu Caïn avant de le rencontrer. Déjà vu, il y a 3000 ans avant notre ère, synthétisée en 1881, disparaissant du Coca Cola en 1905, vu à la télé plus souvent que le système solaire.
Tsss

Très prisé, je prise Caïn.

Le film commence et ne dure pas 1H30, impossible de rembobiner, pas d’arrêt sur image.
Une seule séance, la dernière.
La vie en 38mm se déroule, ta bobine derrière un grand écran noir, blanchit.
38mm pour un trait d’union reliant les mots qui s’enchaine en cascade.
38 mm pour tirer un trait quand les maux t’enchaînent. 38 mm commence à te séparer du monde ?
Hein…

Elle donne de la profondeur aux abysses, une lueur (un leurre) au fond apparait.
Un éclat, le temps s’éclate pas l’espace.
Whouhou

Gloire au bien être,
Gloire à l’endormissement de la douleur,
Gloire à l’éveil,
Gloire aux rencontres noctambules, aux jours plus longs,
Gloire à la fin des gueules de bois,
Gloire à cette ligne qui nous sépare des affres de la réalité,
Gloire à toi qui chatouille les égos errant.
Gloire à la blanche traitresse !

Me voilà au bout, éclaté, éparpillé, cerné, le mensonge ne tient plus.
ARGHhhh

Elle devrait être rouge ou noir, car Caïn cache bien son jeu, il te laisse maître, confiant et pourtant aussi sournoisement que subrepticement c’est lui qui te guide et impose sa loi.
Tu te crois fort et bien attends qu’il fasse celui qui s’en va. Tu le dissimule, et tu le trouves partout.
Il te parasite et ta force vitale se blottie contre lui.
Il te phagocyte, lentement, suavement en quelques minutes d’inattentions, les rafales commencent. Un mistral perdant.
AÏE

Le mensonge toujours plus beau que ta réalité.
Il est déjà trop tard, ton échappatoire est sans issu.

Elle remplace petit à petit l’essentiel et devient primordiale, priori-taire. Shut. Vite direction les toilettes, la vessie nasale commande.

L’épice comme plat principal qui lui devient miette.

Tu te crois fort, le combat est perdu d’avance si tu n’abandonnes pas. Tu te crois vaillant, tu veux la combattre en face à face, ta chute est annoncée. Si tu te crois différent alors là…
Alors là !
Coupée, coupée, coupée, coupée, recoupée, emballée : j’achète. J’obtiens. Je m’offre et paye.
Le trou est sans fond, le supplice fond sur moi et me voilà « réconforté » un moment.

Bien que la composition exacte ou bien même approximative de ce pochon soit inconnue de tout à chacun, mise à part les responsables de cette économie souterraine. Je l’inocule comme la passion du Je (ux) sans aucune vergogne.

Une roulette russe où toutes les balles sont là. Il ne me reste plus qu’à viser.
Me voilà supportant le présent, croyant jouir de l’instant et oublier le futur qui lui : me fuis déjà.
Bang BanG

Il n’y a plus que lui/qu’elle, qui te donne ce que tu veux car tu ne veux qu’Hell. Ton rêve, hell te refroidi, les flammes de l’enfer sont glaciales et te font éternuer.
Elle t’anime, tu deviens son pantomime, second rôle d’un spectacle tragique, tu te grattes le nez à sa guise, la morve coule, ton sang s’échappe.
Kleenex

Vite une narine se débouche, c’est l’occasion de recommencer, inspirer à travers une paille de fortune comme si tu te noyais dans une rivière d’air ridé où tu perds pied.
Gloupgloup.

Impossible de respirer ou bouger librement désormais.
Tout à disparu autour, tu ne vois et n’entends que toi.
En echo à ton ego, elle te susurre à l’oreille, tu n’entends qu’Hell, Hell t’appelle, tu voles la rejoindre contre vents et marées en un éclair.
Zou !
Voiture, téléphone, distributeur automatique :
Avoir l’impression d’être cet homme qui arrivé au sommet, mets les bras en croix, gonfle son torse, penche sa tête en arrière et souffle en pensant je l’ai fait, j’ai réussi. Flirter avec cette illusion… mais pas de monté en réalité, le réconfort éphémère de celle qui sera et a été toujours là pour toi contre quelques morceaux de papier avec des numéros dessus. Quelques ? Tout ce que tu peux, tout ce qu’on te prête.
Shling, shling.

Les tiens crient au loup, tu n’entends plus ces moutons, tout le reste te laisse de marbre,
Rien de grave jusqu’à ce que ton nom soit gravé dessus.
Amen.

Bon assez palabré ! il est temps de faire un trait, d’oublier tout ça. Ensuite viendront l’angoisse et la déprime.