Poème:Libère-Moi, Console-Moi

Sous les regards intrigués,
Sous les regards réprobateurs,
Sous les regards accusateurs.
Mon chant du cygne est largué.

Encore une fois je vais faire rougir la lame,
Pour évacuer la tourmente dans mon essence.
Encore une fois je vais soulager mon drame,
N’en déplaise à votre indigeste bienséance.

Notre relation, la plus fusionnelle des histoires d’amour,
Où que je pose mes prunelles couleur de douleur,
La silhouette effilée de son exutoire se fait douceur.
Mes appels à l’aide, et son baiser brûlant en retour.

Du cyan dans mes yeux noyés sous les flots de détresse.
Du sang dans mes vœux broyés sous l’effluve qui oppresse.
Au vent qui m’emporte, dans ma chair son langoureux labour,
Cet oxygène revigorant s’offrant à ma bouche de velours.

Mais ma fidèle, mon unique et attentive confidente,
Quand tout le monde détourne le regard, fait abstraction,
Quand je suis abandonné, que les piliers s’absentent,
Elle me caresse avec tendresse de sa douce compassion.

Ma différence, mon incapacité à me fondre dans le moule,
Mon apathie devant la violence de ces mœurs stériles,
Ont fait de moi la proie facile de cette agressive foule,
De ces charognards qui salivent de ma résistance fragile.

De ces mutilations que vous infligez à mon âme sans fond,
Ma lame salvatrice propose de me délivrer avec hâte,
Et je succombe à ses avances, ses sentiments profonds.
Ces souffrances s’écoulent dans un mince filet écarlate.

Mes cicatrices indélébiles, dans mon esprit, sur mon corps,
Au lycée je fais le plein de larmes de sel, de l’odeur de la mort,
La lame lacère la valve des larmes de sang, je me détache.
Une alternative efficace que pourtant vous trouvez lâche.

Dorénavant notre relation s’étale au grand jour.
Quand les assauts se font plus insistants,
Sans faillir elle m’accompagne, sa riposte en un instant.
Son soutien partout, jusque dans les salles de cours,

Et si un jour tu m’ôtes la vie, je ne saurais t’en vouloir.
Non ! Un jour tu m’enlèveras la vie, mais je m’en fous.
Oui, un jour tu m’éteindras de ton étreinte illusoire.
Et je serai heureux de t’avoir eu pour unique jaloux.