Poème:La Chasse À Courre

J’étais en train de sombrer dans le nihilisme
Lorsque je vis un renard par des chiens, poursuivi
Je pensais que c’était peut-être ça l’héroïsme
Même perdant à la fin de lutter pour la vie
Comme cet animal traqué par des hommes illustres
Qui ont une horde de courtisans qui les entoure
Et qui répètent cette mise à mort depuis des lustres
Dès que retentit le cor de la chasse à courre

Ces messieurs tirés à quatre épingles qui se croient nobles
Qui cachent leur barbarie, leur laideur sous des masques
Contrairement aux Huns et autres tueurs ignobles
Leur politesse sert à maquiller leurs frasques
L’odeur du sang frais leur procure plaisirs, vertiges
Malgré le luxe, le raffinement de leurs linges
Pareil au soleil éclairant d’anciens vestiges
Sous le civilisé apparaît alors le singe

Coule soudain sur leurs mentons un filet d’écume
Dans leurs cœurs retentit un tambour plein de liesse
Quand le fier renard, sa nature sauvage, assume
S’il montre les crocs, c’est pour ne pas être mis en pièces
Comme la poule qu’il a prise, poussé par la faim
Lui qui n’est ni le diable, ni le monstre qu’on accuse
Meurt avec courage et panache quand vient la fin
Alors que l’homme se trouve toujours une excuse

Et quand la camarde, sa faux à la main, l’ajuste
Le transperce, le foudroie, écrase son bête monocle
Tel un innocent, il se défend : « C’est injuste ! »
Sous la tête du pauvre renard, pendue à un socle