Poème:Trains De Nuits

Malgré le temps qui passe tu te rappelleras
Ces appelés qui pour ne pas avoir d’ennuis
Le baluchon sur l’épaule et les cheveux ras
Les dimanches soir s’entassaient dans les trains de nuits

Ce n’était pas qu’ils aimaient porter le treillis
Ni qu’ils appréciaient les armes ni même le combat
Pourtant ils remplissaient les casernes du pays
Même si tout ça avait le goût amer d’un bât

Certains se sentaient comme serrés dans un étau
Pendant que d’autres muets acceptaient leur destin
Mais ils étaient tous ensemble sur le même bateau
En fond de cale comme un passager clandestin

Ils allaient dans des villes dont ils ne connaissaient rien
Avec des inconnus aux origines diverses
Et tous ces êtres arrivaient à tisser un lien
À se serrer les coudes au milieu des averses

Et moi qui ai connu le service militaire
Qui suis parti une nuit pour une ville inconnue
Qui n’ai jamais rêvé de conquérir la terre
Quand je pense à ces temps mon âme se tord émue

Il y avait quelque chose des quatre mousquetaires
Nous étions des marins affrontant des vents contraires
Comment le plomb devient or ? Laissons ces mystères
A la fin tous ces inconnus devenaient frères