Poème:L’eau Et L’huile

Bien peu de choses sépare la banlieue de la ville
C’est juste un métro, un tramway, des bus qui changent
Et pourtant comme on le voit avec l’eau et l’huile
Jamais, non jamais, grand Dieu, elles ne se mélangent

Elles s’observent comme si elles n’avaient rien en commun
Alors qu’elles n’ont qu’à franchir qu’une seule commune
Pour que toutes les couleurs, nuances de l’être humain
Dans la paix et la joie, ensemble n’en fassent plus qu’une

L’huile plus légère surplombe et recouvre l’eau plus dense
Elle paye cash son ardoise quand pour l’autre c’est la tuile
Rap contre musique classique, ce n’est pas la même danse
Repas gastronomique ou frites dans un bain d’huile

Deux façons de paraître, dans un même verre : deux robes
Deux planètes en orbite qui s’ignorent et s’esquivent
Deux portes vers deux paradis mais qui se dérobent
Deux mêmes cœurs, cerveaux qui se battent et qui vivent

Tous rêvent de banqueter au sommet de l’Olympe
De goûter le nectar au doux parfum de miel
Veulent être au faîte de la pyramide qui y grimpe
Mais une minorité seule arrive jusqu’au ciel

Les huiles pour réussir accumulent les bons points
Grâce à leurs comptes en banque marchent, glissent sur du velours
Alors que ceux de l’eau ne comptent que sur leurs poings
Qui sont comme des béliers qui claquent dangereux, lourds

Chacun dans son coin affiche sa gloire et son statut
Roi de la spéculation ou roi du trafic
Ils veulent dominer, jouir, contempler leurs statues
Une couronne sur la tête, un sceptre ça fait plus chic

Deux mondes si différents mais dans le fond pareils
Où l’inégalité est érigée en totem
Deux galaxies qui tournent autour de deux soleils
Avec un objectif et une violence idem