Poème:Une Irésisistible Mélodie

De nos ames aux cœurs sort un amère chœur
Un chant suffisant et mélancolique
De nos conditions et aspirations
Et ce sordide chœur devient une mélodie
Car sur ces piteuses notes on fait une symphonie
Quelques accords majeurs sur un fond de mineurs
De tout les mondes celui-là sera le meilleur
Un monde d’hypocrite certes, mais un monde quand meme
Car cette fausse symphonie est l’acmé du requiem :
La vie. Moi j’ai tout raté ; la belle et vicieuse symphonie je l’ai raté
Je n’ai pas su créer d’accords majeurs, je n’ai pas su profiter des désirs passagers
Je n’ai su que rajouter des accords mineurs, que me morfondre dans mon malheur
Et voilà aujourd’hui je ne la connais pas, et voilà aujourd’hui que je ne la comprends pas
Cette mélodie certes hypocrite mais oh combien salutaire !
Car avec la mélodie lorsqu’elle est sincère, ce sordide chœur, moi je désespère :
Alors je m’y résigne. Qu’elle me hante donc et qu’elle me tue donc !
Et voilà ma seule force, ma seule utilité :
Entendre le malheur des autres et le rire des maudits
Et encore après ma mort le bal des ombres continuera
Comme un mauvais génie au dessus de tout
L’addition des soupirs ne s’estompera pas
Formant comme une onde de disgrace et d’audace
Allant plus haut que tout, allant plus loin que tout
Emportant tout sur son passage comme un raz de marée
Toutes les idées, toutes les amitiés, tous les amourachés
La sainte plainte des « feus » jusque dedans leur tombe
Submergera l’eau vive de l’ame de l’ombre du monde :
L’HOMME.
Et dans ma mort insipide remplie de défaillances
Que je montre une dernière fois mon esseulé cœur de faillence
Qu’il se brise pour que je dise ce que j’en pense :
Que cette vie décidément a vraiment peu de sens.