Poème:Insensibilité

Y voir une belle âme en un joli corps,
Une ingénue maîtresse que mon cœur adore,
Mais jamais il ne saurait aller au-delà.
Il y a longtemps qu’amours se taisent en moi.

De ses volets clos, de fins rais de lumière
S’extirpent et ondulent en l’aérienne poussière
Virevoltante, dansante dans la moiteur
Suite aux puissants ébats de nos peaux en sueur.

Ses draps de soie ne connaîtront plus le sec,
Avec Elle point de beaux discours ni salamalecs.
Elle se contente de mes affectueuses caresses
Quand d’autres l’achètent pour une seule nuit d’ivresse.

C’est là mon privilège de l’avoir à ma guise.
Il ne m’aura fallu qu’un seul mot de franchise
Quant au bourgeonnement de notre intime liaison
Je lui proposais de me poser en simple Céladon.

Souvent je m’en veux d’abuser ainsi d’Elle,
De sa noble tendresse et de sa ribambelle
De talents assurés pour l’utile chose lascive
Et de la garder douce otage, amoureuse inactive.

Avec patience j’attends le funeste épisode
Où Elle me laissera à l’abandon face à l’exode,
A odieusement lui refuser nos mains qui se lient
Dans une place autre que le chaud carré de son lit.

Comment lui avouer qu’amour n’est qu’illusion,
Un pâle sentiment enfanté d’ antiques pressions,
De ces contes nocifs incessamment répétés
Pour soustraire nos Ego de leur prime inhumanité.

Et dans l’éventualité où ma pensée me trompe,
Son essence ne saurait être pour moi que catacombes,
Rien d’autre qu’un bel et solide point fixe,
C’est pour une autre que j’oserai me faire Phénix.

Y voir une belle âme en un joli corps,
Une ingénue maîtresse que mon cœur adore.
Mais jamais il ne saurait aller au-delà.
Il y a longtemps qu’amours se taisent en moi.