Poème:La Honte Parcourt Le Monde

Un jour est apparu, au coin de notre rue,
Traversant le village sans lever la tête,
Ce haut personnage curieusement vêtu
D’un très long pardessus qui lui donnait l’air bête.

Le vêtement rampait comme une traîne,
S’enfonçait dans le sol, traçait derrière lui
Un immense sillon, comme une chaîne,
Reliant cette ombre à un sombre pays.

Les épaules ployaient sous l’invisible joug,
Le dos arqué, penché, tendu par les efforts,
Les jambes paraissaient se briser aux genoux,
Les bras se balançaient pour chercher du renfort.

Le grand manteau portait la lourde abstinence
De la générosité et de l’indulgence,
Appesantit du poids de l’indifférence,
Du rejet, du mépris, de la déshérence.

Reconnaissant La Honte, notre ciel s’obscurcit,
Notre manque de cœur, nos actes indécents,
Nos regrets, nos remords harcelaient nos esprits,
Tous têtes baissées sauf les enfants innocents.