Poème:Errance Dans La Désespérance

Encore libre je parcours ce pays,
Sans vraiment savoir où je suis,
M’arrête enfin pour un bout de pain,
Tu me fuis ou lâches les chiens,
Alors je repars avec peu ou rien,
Espérant un meilleur lendemain.

Fatigué et lassé je pose un genou,
Parfois tu donnes des petits sous,
Je te remercie, moi l’homme hagard,
Nous échangeons un regard,
Ou un triste sourire par hasard,
Je m’éloigne vite, comme en retard.

Une miche au levain devient un festin,
Trop pauvre, je n’achète jamais de vin,
À vrai dire je n’en ai aucune envie,
J’essaie d’aller plus loin, de rester en vie,
Je me retourne souvent de peur d’être suivi,
Ayant le tourment de ma survie.

Dans leur mépris, mon ciel s’obscurcit,
Mes pieds frottent le sol froid durci,
Toujours en hiver mes yeux sont gris,
Chaque instant mon existence vit un sursis,
Là-bas la Mort demeure mon ennemie,
Car ils veulent me renvoyer dans ma patrie.

La nuit je fouille les poubelles,
Me fais mordre par les rats rebelles,
Je suis leur pique-assiette sans taudis,
Porte des vêtements noirs de suie,
Avance pas à pas sous la neige ou la pluie,
Je traverse ce pays, me sentant par tous maudits.