Poème:Les Sommets

Après avoir gravi les longs sentiers
Pour atteindre un sommet convoité
Non dans l’esprit des grands aventuriers,
Mais par recherche de sérénité,
Pas forcément le plus haut escarpé
Juste un choix pour la journée où le ciel
Nous offre sa clarté sans la draper
Par des brumes, ceci est essentiel
Pour nous garantir le panorama
De notre belvédère des montagnes
Et pouvoir contempler tels les lamas
Les merveilles d’un pays de cocagne.
Certains croient avoir le monde à leurs pieds,
Pour ma part et pour d’autres je suppose,
Mon regard n’est pas celui d’un guerrier
Qui veut obtenir son apothéose.
Les paysages sont ma récompense
Du labeur des montées et des douleurs
Que l’admiration des beautés compense
En diluant peu à peu mes rougeurs.
Mais surtout je réalise combien
Je ne suis qu’insignifiance sur Terre
Minuscule microbe qui ne pèse rien
Face aux géants de la nature mère.
Notre vision étriquée et cloîtrée
Entre les murs, ne comprend pas la chance
D’avoir la permission de folâtrer
Dans cette belle maison d’abondances
Que l’humanité détruit lentement,
Ignorant que cette autorisation
Peut être retirée à tout moment
Dans les pénuries et les privations.
Tout en méditant dans ces grands espaces,
Ma vie pèse moins qu’un petit caillou
Des chemins qui serpentent, s’entrelacent
Entre pics et cols comme des vents fous ;
Sur le dos de ces immortels rochers
Dressés par les siècles immémoriaux
Mon ego redescendra amoché
Ébloui comme un vulgaire badaud
Tandis que passe l’ombre d’un vautour
Écrasant ma silhouette menue.
Ceux qui se croient maîtres, chacun leur tour,
De ce monde restent simples fétus.