Poème:Le Mystère Des Cimetières

Quel qu’en soit le prix, est gratuit l’évanouissement profond
L’absence totale de locomotion, généralement irréversible et abscons
À la vue des tombes, une délivrance de la morbidité est émise en soliloque
En arrière-plan, elles nous semblent être les ramas d’un juge inique
Renfermant les vestiges d’êtres chers qui ont déambulé
Ceux qui, après avoir fini de goûter aux délices, ont voyagé
Enveloppés d’un linceul, s’en allant à un lieu loin de leurs biens
Partagés ou volés, lâchant leurs rênes, ne possédant ici plus rien
Un vol sans rapatriement où l’on ne peut regarder en arrière
Oui, la vie a des bas misérables dont l’infortune désespère
Ce détachement physique qu’on ne pourrait assimiler, car trop dur
Transforme en un fantôme qui n’a que ce sol comme domaine sûr
Ayant marqué l’avenir de leurs traces de mortel
Une mince ou une belle portion laissée pour d’autres comme telle
Faisant d’un élan égoïste ou pour l’humanité des projets à but de réussir
Il faut croire que l’existence a fini par les endormir
N’étant plus là pour observer ce que leurs yeux rêvent de contempler
Évaporés dans leur coma indéfini quand nous continuons de respirer
Tout de même, on leur adresse des hommages annuels
Des visites fleuries pour calmer tant de départs cruels
Un sort éternel jeté comme châtiment non par hasard
Oh ! Je fais nulle exagération de cette disgrâce à rendre blafard
Mais on peut se consoler de les avoir en portrait et en nos cœurs
Peut-on oublier cette drastique sentence sans coudoyer la peur ?