Texte:Le Félin Malin Et Le Toutou Qui Sait Tout

Chez deux voisins amis qui se connaissaient,
Vivaient deux bêtes de compagnies qui s’opposaient.
Un félin dorloté, choyé, moustachu et tout ventru.
Un toutou adulte qui du fait du chat était souvent rompu.
Un après-midi, s’étant repu d’un repas, tous deux
S’en allaient se dégourdir les jambes chez eux.
Aux bords des jardins. Ils se croisèrent, les yeux se fixaient,
Le chien entama la dispute ordinaire qu’ils tenaient.
« Quelle misère, te revoilà avec tes pensées saugrenues ! »
« Voyons, on ne t’a pas appris à saluer ? Espèce de malotru ! »
« Je suis d’un tout autre genre, non prétentieux, qui renie ton espèce. »
« Depuis l’époque que tu me souhaites du malheur, je ne suis pas un lest
À mon cher protecteur qui continue de m’héberger dans sa demeure. »
« Un jour, verras-tu, il t’échangera et te haïra telle une chose sans valeur ! … »
Ce que le chien qui sait tout ne savait pas encore,
C’est que sa langue exauça sa terrible requête à la mort !
Le félin malin échappa lors des prochains mois à d’affreuses
Circonstances. Le chien pensa en soi aux idées monstrueuses
Contre ce fardeau à dégager de sa presque paisible existence.
Ce félin, débrouillard à de nombreux égards, s’en sortait par chance…
Entre eux, aucun scrupule à s’insulter et ne pas faire la paix.
Leurs chamailleries laissaient croire qu’ils se jalousaient en fait.
Un soir, pour mettre en œuvre un de ces plans fiables,
Il plaça du poison à rats dans la poubelle, indiscernable.
Le chat, le ventre vide, à une heure tardive, partit grignoter
Dans le lieu du crime ; le chien, à l’affût, se tenait caché.
Après quelques bouchées, il tomba comme une crêpe au sol ;
Le chien poussa un cri infernal et le quitta sans prière ni parole…
Le lendemain, le triste propriétaire du chat démarra les recherches.
Ses voisins et leurs acolytes suivirent en collant même des affiches !
Aucun signe, aucun témoin, le chien ne s’en souciait pas, l’air narquois.
Un laps de semaines après, lorsque les larmes furent destituées par la joie,
La joie d’avoir à nouveau un chaton chez soi, donnant jalousie
À l’orgueilleux chien frénétique, une terrible rage au goût du dépit.
Le toutou pensait que son plan allait amener cet homme à changer,
Prendre désormais un chien, car selon son avis, il n’y a rien de plus dévoué.
L’esprit trop tourmenté, il douta alors de lui et de son propre maître
Qui, depuis la naissance, l’a fait vivre en son logis, le voilà réduit à traître !
Il s’enfuit un soir de sa tanière chaude vers les rues sombres de la ville.
On le remarqua errant, on l’embarqua à la fourrière : son nouvel asile.
Encore aujourd’hui, personne n’a voulu de lui. Il y passe des mornes jours
En cellule, se remémorant des instants uniques d’entrain et d’amour…