Poème:Le Sixième Continent

Dans l’océan s’entassent des spectres translucides,
Des filets-serpents qui étranglent les vivants,
Des éclats de plastique incrustés dans la peau des vagues.

Les poissons avalent des miettes de pétrole figé,
Les oiseaux s’abattent dans des eaux piégées,
Les coraux disparaissent sous un nuage de particules mortes.

Notre héritage est une matière immortelle,
Un poison qui s’accroche au temps,
Plus tenace que nos regrets, plus durable que nos villes.

Les courants entraînent nos fautes comme des lames,
Et chaque vague porte le poids de nos gestes.
La mer, saturée, se referme lentement
Comme une plaie qui brûle.

Dans ces eaux troublées, des créatures silencieuses errent,
Ombres déformées par la poussière plastique du monde.
Elles glissent entre nos ruines comme des prières noyées,
Cherchant un refuge dans un royaume trahi.

La nuit tombe sur l’océan comme un voile de cendre,
Et le sixième continent scintille d’un éclat funeste,
Phosphorescence maudite de nos erreurs sans mort.