Poème:Le Jardinier Du Mercredi

Un maigre sac usé sur le dos,
Contenant peut-être un bon casse-croute,
Le vieil homme arpente la route,
Attendant le passage d’une auto.
Il partait biner quelque jardin,
Près de chez mes précieux grands-parents,
Certainement chez les Flandin
Ou les Marais, selon le rang.
Car sûrement tenait-il une liste
De toutes ces anciennes fermes ou villas,
Qu’il allait embellir, parfois à l’improviste,
Mais sans faute là où on l’appela.
En courageux vieillard, l’ouvrage
Ne lui faisait pas peur,
Par grand soleil ou sous l’orage,
Bêchant avec ardeur.
Il lui fallait bien faire bouillir la marmite,
Puisque dans notre imaginaire d’enfants, sa maigre retraite
Ne suffisait pas pour payer ses quelques traites,
Et un peu de beurre dans les épinards, qui à table s’invitent.
Près de l’Ecole centrale
D’Ecully, souvent nous le retrouvions le mercredi
Aux alentours de midi,
Lorsque nous accourrions rue Clément, bande de morfales.
Pour nous, ce seront clafoutis
Bousculant d’énormes biftecks,
Et gratins dauphinois avalés à la sauvette, sans hypothèques,
Avant le dentiste ou l’école de musique, bon appétit !
Aujourd’hui, ces quelques minutes de conversation
Sur le trajet, en compagnie de cet auto-stoppeur
Régulier, restent gravées dans ma mémoire, loin de la peur
Du temps qui passe sur les chemins de traverse, attention…