Poème:Et À La Fin On Sera Vieux.

Lapalissade, vérité générale, presque pléonastique…
Persuadée de son bon droit, elle riait, les dents droites en avant, le bonheur brandissant. Elle semblait avoir toute la peine du monde à devenir femme dans un monde puéril. A qui la faute ?
Oh bien sûr, elle avait bien conscience de tous ses dérapages -en vitesse contrôlée-, de ses sorties de virage, de ses bifurcations, mais elle ignorait le trauma, le cœur qui se déchaîne, la vie qui s’effiloche comme une laine usée.
Elle ne savait rien, et cela même la faisait rire. Alors elle profitait des surprises, des étincelles qui surprennent, des coups du sort, des rencontres, et même des occasions ratées.
Elle se fichait de tout et elle avait raison.
La vie lui avait été offerte il y a 23 ans et bien souvent, elle l’avait regrettée. A présent elle voyait tout d’un regard neuf et des rêves en cascades mirifiques. Ivre de joie dans un monde puissant.
Et bien qu’elle sache que sa peau deviendrait parchemin, que les rides sous ses yeux se feraient plus saillantes, que ses pommettes deviendraient maigrelettes, que ses cheveux blancs, elle était belle contre le Temps. Comme avant, il y a longtemps.