Poème:Les Poètes

Il ne faut jamais croire les discours des poètes,
Qui prétendent qu’un vers demande une existence
Ne pas les écouter, quand ils jurent et répètent
Que leurs mots se nourrissent de toute leur essence

Il ne faut jamais croire ce qu’ils osent prétendre
Qu’une femme verte et sage aux enfers les conduit
Ni qu’elle les aime nus, ni qu’ils meurent d’entendre
Son chant de désespoir au travers de la nuit

Il ne faut jamais croire à leurs amis perdus
À leurs errances vides, aux chemins de traverses
Qu’ils affirment emprunter dans les bois abattus
Aux fleurs qui les battent, aux épines qui les percent

Il ne faut jamais croire à leurs ivresses feintes,
À leurs putains aimantes, à l’amour absolu
Qu’ils portent à leurs mères, et pas plus à la crainte
Qu’ils ont de ces fantômes qui les suivent dans la rue

Ne pas croire non plus au sentiment qui naît
En écoutant les mots assemblés qu’ils déclament
Et qui comme une vague effacent les regrets
Estompent les douleurs et étanchent les âmes

Il nous faut être vides et vivre sans secours
Refuser l’assistance de ces paroles vaines
Comme des imbéciles enfin et sans recours
Demeurer immobiles avant que la mort vienne