Poème:Voilà Cinq Minutes Que Je Me Balançait

Dans une chambre d’hôtel
Où tous les meubles sont vides de vie
Imperméabilisés par le chiffon qui leur donne
Cette triste indifférence

Je suis assis, sur une chaise en bois
Belle, mais désespérement vide
Ellle aussi
Je me balance d’avant en arrière
D’arrière en avant
Mes bras prolongent parfaitement ceux de la chaise
Celle-ci ne grince même pas
Aucun bruit
Le silence crie si fort dans mes oreilles
Que je n’entend plus rien d’autre
Que le bruit sourd de mes tympans

Tout en me balançant
Je regarde par la fenêtre
Mon regard fait peur lorsqu’il se fixe ainsi sur le néant
Je sens comme un vide inhabituel à l’intérieur de moi
Je n’ai ni chaud ni froid
Ni faim ni soif…
Ni même envies
Je meurs peu à peu

Mes paupières se jouent de moi
S’ouvrant et se refermant sans cesse mille et une fois
Peut-être plus
Jusqu’à ce qu’une fois, n’y pensant plus
Je les laisse me duper m’hôtant la vue
Je retire le gros cigare de ma bouche
Je ne sens plus ma bouche
Je ne sens plus mon cigare
Je crois entendre un bel oiseau bleu siffler à la fenêtre
Perché sur un grand pommier aux fleurs blanches élancées

Mais je me rend comptes que non
C’était, comme la plupart du temps
Mon esprit qui s’égarrait…
Voilà cinq minutes que je me balançait
Les yeux fermés devant la fenêtre
Fermée, elle aussi