Prose:L’aveugle Et L’amour Impossible

Quel que soit l’endroit, être près de toi et pouvoir te serrer contre moi, voilà tout ce à quoi je m’emploie.
Je sais que pour eux c’est dérisoire.
Faire valoir comme seul espoir espérer t’émouvoir les laisses pantois, ceux qui convoitent de m’envoyer dans un mouroir.
Ils voudraient m’empêcher de croire que j’ai le droit d’avoir foi dans la fille d’un roi, eux qui interdisent que mes doigts puissent se mouvoir sur toi comme à travers un miroir.
Car c’est là mon désespoir.
Je ne peux de mes yeux voir miroiter la moindre étoile, même si ces demoiselles se dévoilent tout à loisir dans le ciel noir.
Point besoin d’écritoire pour te dévoiler mon histoire, te faire savoir combien de territoires j’ai traversés avec effroi, dans le froid et hors-la-loi, dans l’espoir de t’apercevoir.
En pourboire, et pour avoir quelquefois croisé ton joli minois près du manoir, on m’a privé de voir.
Voilà pourquoi, quoique ce soit illusoire, j’envie ce moineau qui, depuis les toits, n’a nul besoin de passe-droit pour te revoir.
Privé de toi j’ai choisis de m’asseoir sur le trottoir et d’emboiter le pas aux étoiles, mais vouloir n’est pas pouvoir et ne plus te voir c’est la seule voie que l’on m’octroi.
Pourtant, même s’il est notoire que le ciel noir fasse pleuvoir sa poisse sur moi, au moins il n’a pu noyer ce feu qui croît en moi, et je ne peux concevoir que pour toi, de flamboyant autrefois, ce ne soit plus que bois froid, car, de mémoire, nous avons bien des fois partagé nos émois.
De surcroit ce soir, avec clairvoyance, j’entrevois à travers le voile noir de mes yeux des braises qui rougeoient parfois encore dans ton cœur, témoignage de ton désarroi, au risque de décevoir les bourgeois narquois qui déjà agitent leurs mouchoirs.
Quoi qu’il en soit, et il va falloir que tu me croies, sois sure que pas plus le pouvoir du moine et de sa croix que celui du roi et de son pavois ne pourra m’éloigner de toi.
Car loin de toi, pitoyable, je ne sais que larmoyer et broyer du noir dans la moiteur du couloir de la paroisse, où, sans gloire et même sans foi, que dieu me soit témoin, maintes fois je prie pour que mes doigts puissent te revoir, comme dans un miroir.