Poème:Relations Ternies

C’est un visage des plus attendri
Que regarde cet enfant qui sourit
C’est peut-être une once de nostalgie
Qui lentement de mon corps s’envahit

Je me rappelle avoir été minaud
On jouait entre enfants de poivrots
Nos mères seules (saoules ? ) accoudées au bar
Lieu où l’on se retrouvait tous les soirs

On jouait aux frères abandonnés
Qui s’unissaient pour répondre aux dangers
L’imaginaire était le Monde vrai
Ce serait toujours ainsi, on croyait

Mais tous mes frères se sont éloignés
Je m’imaginais le seul rescapé
Je jouais seul dans mon monde d’enfant
Mais le jeu était bien moins amusant…

C’est un visage perdu mon petit,
Que tu toises, que tu n’as pas compris
Tu m’inspires tous ces temps finis
L’époque de nos premières envies

Je me rappelle avoir eu des copains
Soudés comme les doigts de la main
Nous avions nos plaisirs en commun
Des blagues idiotes en vrais gamins

Ces gosses avec qui je rigolais
Ceux avec qui, tant de fois, je rêvais
Et qui m’apprirent les premiers sourires
Que je pensais garder pour l’avenir

Mais tous ces copains se sont dispersés.
Je pense qu’ils m’ont déjà oublié
Les blagues je peux me les raconter
Mais me voilà vraiment moins amusé…

C’est le visage plutôt déconfit,
Celui dont ces beaux amoureux font fi
Que j’arbore plein de mélancolie
Celle qui m’accompagne dans mes nuits

Ils me rappellent cette ancienne amie
Qui souhaitait être enfant toute la vie
Moi, j’ai tant voulu partager l’espoir
Qu’il ne restait en ma vie aucun soir

On se promit tout et n’importe quoi
On cherchait à changer ce monde là
Elle m’aidait tant à me relever
Que je pensais n’être plus ébranlé

Mais cette fois je fis fuir mon amie
Laissant l’ennui meubler ma terne vie
Que les larmes deviennent mes compagnes
Que mes lames témoignent de ma hargne

C’est un visage qui fait peine à voir
Que je hais, contemple dans le miroir
Devenu un homme de solitude
Les veines tracées d’inexactitudes

Il me rappelle que tout est ma faute
Mes joues creusées ne démentissent pas
Ni cette peau que souvent je dépiaute
Ni les traces de haine sur mes bras

J’ai été seul et je le resterai
Le remarquerait-on si je partais ?
Mais je vois que je n’ai pas le courage
Pas la force de ne plus voir les âges…

Mais, qui sait ? Un jour je me jetterai
Ou, mieux encore, je rencontrerai
La personne que je saurai garder
En espérant qu’elle puisse exister…